En dehors de la ville: Responsabilités

Il fallut longtemps à la jeune fille pour se réveiller... Elle ouvrit lentement les yeux, découvrant un plafond blanc flou. Elle compris alors qu'elle se trouvait dans un lit. Mise en alerte, elle tenta de se relever. L'effort se solda par un nouveau retour à l'inconscience... Il lui fallut moins de temps cette fois pour revenir à elle-même. Un prêtre de l'infirmerie avait remarqué son petit manège et s'était approché en douceur pour ne pas la brusquer. Les yeux de la jeune fille rencontrèrent alors ceux de l'homme au dessus d'elle. Elle essaya alors de parler :

"Où suis je ?

...

Com-combien... de temps... ai-je dormi ?" demanda-t-elle faiblement.

"Vous êtes dans une Abbaye, et vous êtes restée sans consciences pendant deux jours... Nous avions crainte de ne pas vous voir vous éveiller... Vous pouvez vous reposer ici jusqu'à ce que vous allier mieux."

Arandin resta silencieuse. Elle ne comprenais pas tout... Elle se sentais si faible et son esprit était complètement embrumé. Elle sentait néanmoins un contact rassurant dans son cou. Ils ne l'avaient pas séparée de Lina... Elle jeta un regard vague à l'ensemble de la pièce, et paniqua :

*KINARI !!!!* cria-t-elle en pensée.

Un phénomène surprenant se passa alors. Le hurleur se fit entendre dans la tête de chaque être vivant à un kilomètre à la ronde... Arandin s'était transformée en Gardienne sans le contrôler et avait utilisé son pouvoir de télépathie sans le vouloir et à forte dose. La seconde suivante un second flash de lumière dû aux métamorphoses se produisit, et elle était redevenue normale. Son état était particulièrement instable, car elle ne contrôlait plus rien.

Un gros bruit se fit entendre plus loin. Des cris retentirent, et le bruit devint de plus en plus fort. Quelqu'un ou quelque chose courait vers l'infirmerie. Kinari avait entendu sa mère adoptive. Il avait aussitôt accouru vers la source du cri. Il gratta, griffa, cogna la porte pour entrer. Il inquiet.

Durant ces deux longs jours, les templiers s'étaient correctement occupés de Kinari. Ils étaient conscients que le jeune griffon avait des besoins dont sa maitresse ne pouvait s'occuper dans son état d'extrême faiblesse. Au moment où le hurlement mental résonna dans tous les esprits, la jeune créature était en leur compagnie, occupée à déchiqueter un oreiller. A chaque fois qu'un templier ou même un religieux parvenait à son moment de pause, il allait voir si tout allait bien pour la petite mascotte. Ce qui avait été le cas quelques minutes plus tôt. Le problème c'est qu'ils avaient omit de fermer la porte de la pièce. Il était donc normal qu'à l'appel de sa mère, il accourt sans aucune hésitation.
L'un des chevaliers qui se trouvait avec lui, ouvrit la porte de l'infirmerie afin qu'il rejoigne l'inconnue. A peine avait-il entrouvert le battant, qu'il fonça en direction d'Arandin et l'écrasa littéralement sur le lit avant de se blottir contre elle. Le templier observa la salle avec un petit sourire. Il n'était pas soucieux du message télépathique qu'il venait de recevoir, lui ainsi que tous les autres dans l'abbaye. Si la jeune fille possédait des pouvoirs, il n'était pas surprenant qu'elle en perde le contrôle à son réveil. En particulier si elle avait vu que son petit animal était absent.
Malheureusement, son sourire s'effaça rapidement en entendant le bruit sourd de talons dans le couloir. Il referma à moitié la porte et contempla Alina approcher de lui d'un air grave. Il était droit comme un pilier et immobile comme une statue lorsqu'elle arriva à sa hauteur. Elle était toujours aussi effrayante. Elle observa l'hématome violacé qui s'étendait sur la partie gauche de sa mâchoire inférieur. Un parmi tant d'autres. Elle parla dans un chuchotis acide à en glacer le sang.

"J'espère pour vous que vous n'êtes pas responsable de ce qui s'est produit."

Alina savait mieux que personne qu'il n'en était rien. L'espace d'un très bref instant, elle avait ressentit en elle la chaleur que provoquait autrefois sa transformation en gardienne. Elle savait que ce n'était que des bribes sans grande importance. Même si elle le voulait, elle était incapable de se métamorphoser ou d'utiliser ces anciens pouvoirs. Asmodée permettait de le garantir. Voilà pourquoi elle avait été méfiante face à l'admission d'Arandin ici. Elle se doutait qu'elle déclencherait encore d'autres catastrophes lui rappelant son passé. Ce lieu à lui seul était gorgé de souvenirs qu'elle ne demandait qu'à oublier. Inutile qu'elle en rajoute une couche. Elle espérait seulement que cette perte de sang-froid de la part de la gardienne soit le seul incident dont elle aurait à se préoccuper. Le templier, Rodrigue, répondit quand même à la semi-accusation de son supérieur.

"En aucun cas, Capitaine. Le réveil de cette jeune demoiselle a juste dû être trop éprouvant pour elle. Elle voulait uniquement revoir son griffon."

"Son griffon..." répliqua Alina d'un ton dédaigneux.

Elle le fixa un moment, puis, avec une rapidité surprenante, le gifla du revers de la main. Une marque rouge vint s'ajouter de l’autre côté de l'hématome. Il porta sa paume à sa joue. Pour une femme, Alina cognait dur. Tous les templiers en avait fait l'expérience la veille, lorsqu'elle avait trouvé l'impardonnable. Son inspection avait duré une journée entière. Elle avait fouillé le moindre recoin de l'abbaye. Et pour le plus grand malheur des soldats, elle avait découvert leur petite cachette. Dans les sous-sols, se trouvait des cellules à l'instar d'une salle de torture. La religion comptant énormément pour les habitants de la région, les templiers étaient autorisés à faire justice eux-mêmes si cela le demandait. Or, ces derniers qui s'étaient retrouvés en dehors de toute surveillance ces derniers mois, en avaient profités pour y cacher des tonneaux... d'alcool. Ce qui n'avait pas échappé à la terrifiante Capitaine. Toute la nuit, la salle de torture avait servit plus que jamais. Les hurlements des pécheurs avaient retentit avec force partout, provoquant des frissons sur l'échine de ceux qui s'y préparaient. De mémoire d'homme, ils n'avaient en aucun temps vécu pire châtiment, même sous la coupe du Capitaine Orion qui était tout aussi sévère. Si la pauvre Arandin n'avait pas été aussi éreinté, elle n'aurait peut-être pas supporté ces cris de souffrances abominables.

"Tu t'attardes ici alors que tu devrais être en train de surveiller le pavillon des templiers. Rejoins ton poste !"

Pour une fois, elle l’avait tutoyé. Quoiqu’elle les avait tous tutoyé quand ils se tordaient de douleur un par un devant ses yeux. Cette curauté envers eux était nécessaire De l’alcool dans un édifice sacré. Quelle humiliation ! Ils n’avaient donc aucune considération pour cet endroit qui les avait accueillit tandis qu’ils erraient à la recherche d’un toit pour les héberger. Ils ne pensaient pas à la bonté du défunt Père Léonard qui les avait éduqués comme ses propres enfants. Ils ne songeaient qu’au plaisir et à ses diverses facettes, quitte à aller droit dans les bras des péchés. Allez savoir quelles autres folies ils se sont permis pendant tous ces mois. En repensant au Père Léonard, Alina ressentit des picotements au niveau du cœur, sa manière à elle de ressentir du chagrin. Elle n’avait pas encore eut le courage, ni même le temps, de visiter la tombe de son… grand-père. Il lui était encore dur de l’admettre même si cela faisait plus d’un an qu’elle avait appris la nouvelle. Il est vrai qu’elle n’avait pas eut beaucoup d’occasions de repenser à lui depuis qu’elle avait intégré les rangs de Sapientes Gladio.
S’inclinant, Rodrigue fit quelque pas en arrière avant de se diriger vers le périmètre de son tour de garde. Le Capitaine le guetta jusqu’à ce qu’il est disparut, distraite ensuite par le grincement de la porte de l’infirmerie. Elle s’était ouverte toute seule, sans doute à cause d’un courant d’air. Son regard tomba droit dans celui d’Arandin. Cette dernière exprimait une surprise non-dissimulée.

"Hmpf !" fit la templière avant de détourner la tête d’un air méprisant et de faire volte-face vers l’autre bout du couloir.

L’écho impétueux du martèlement de ses talons contre le sol de pierre ne cessa qu’après de longues secondes.

[hrp : je te pries de m'excuser le temps qu'il m'aura fallut pour répondre, et si mon post n'est pas de fort bonne qualité.]

Arandin avait entendu depuis l'autre côté de la porte comme une violente dispute. Quelle ne fut pas sa surprise de voir une jeune femme gifler froidement la personne qui s'était occupée d'être. Enfin plus exactement, elle avait deviné la gifle. Elle ne voyait pas très bien à cause de la fatigue et se forçait pour ne pas sombrer encore une fois dans l'inconscience. Elle lutait du mieux qu'elle pouvait, mais des signes de faiblesse démontraient qu'il risquait d'y avoir quelques problèmes à venir. La preuve en avait d'ailleurs été faite de par son utilisation involontaire de ses pouvoirs de Gardienne. Ceux qui ceux ou celles qui la connaissaient suffisamment et surtout les pouvoirs dont elle disposait aurait craint pour leur vie, d'une utilisation non contrôlée. Bien évidemment, ce n'était pas tant la puissance, mais la nature de ceux-ci. Elle était bien trop faible pour créer une attaque pouvant tuer, mais pouvait créer avec le manque de contrôle de gros dégats. Kinari sentait qu'il allait se passer quelque chose... Il sauta aussitôt hors du lit. Juste à temps. En effet, Arandin avait voulu se relever et s'assoir. Elle l'avait fait trop vite et une violente décharge électrique avait parcouru son corps. Le jeune griffon avait évité de se retrouver assommé par le choc.

L'animal avait suivit sa mère adoptive depuis le début. Il avait assisté à ce genre de manifestation des pouvoirs d'Arandin assez souvent pour maintenant sentir quand ils allaient arriver. Et là elle semblait dans un état beaucoup trop instable pour que le déploiement s'arrête là... D'un coup la main droite de la fille devint de feu, enflammant ses couvertures. Sa seule réaction permit d'éviter un désastre : elle transforma sa main en eau. Par malheur, son bras entier y passa et elle n'arrivait plus à le reformer. De peur de commettre une nouvelle faute, elle se laissa littéralement tomber au bas du lit. Sa tête lui tournait sans arrêt, lui coupant le souffle. Les bras arrivaient difficilement à supporte la position penchée en avant à genoux. Son protecteur sorti alors en quête d'une aide, lâchant de temps à autre son cri grave.

"Capitaine!!! Capitaine, je vous en supplie!!! Capitaine!"

Le moine était hors d'haleine, mais continuait quand même à courir derrière Alina. De part son esprit en panique, elle était parvenue à savoir ce qui l’avait poussé à la poursuivre dans les couloirs de l’abbaye. Arandin. Encore et toujours elle. Cette fille ne cesserait-elle donc jamais ? Ce n’est que lorsque le cri du religieux fut suffisamment proche, qu’elle daigna se retourner, l’accueillant avec une mine maussade. Il acheva la distance qui les séparait en titubant et arriva près d’elle tout en sueur.

"Capitaine Alina, c’est urgent !"

"Je n’ai pas le temps, j’ai d’autres choses dont je dois m’occuper."

"Capitaine, enfin. Vous êtes la plus douée en ce qui concerne la magie et cette malheureuse est en train de…"

Alina leva la main, lui ordonnant le silence. Son devoir, elle devait penser à son devoir et à la bonne image qu’elle devait donner au lieu saint. Aider les plus faibles était en totale contradiction avec ce que désirait Asmodée, toutefois c’était elle qui commandait. Si on l’avait fait fusionner avec son âme, c’était bien pour qu’il l’aide, pas pour qu’il fasse la loi. Elle inspira un grand coup, puis repartit d’où elle était venue. Le moine grassouillet la suivit du regard complètement aphone, et légèrement tremblant. Avant qu’il ne la perde de vue, elle lança de son habituel ton agacé:

"Veillez à ce que l’on ne nous dérange pas."

Elle n’eut pas besoin de vérifier sa réaction ou d’attendre une réponse, se contentant de lire ses pensées qui se révélèrent positives. Tout le long du chemin du retour, l’exorciste tenta de se convaincre qu’elle se devait d’aller « aider » Arandin. Cela la répugnait presque, cependant elle n’avait guère le choix. Exactement comme il y a deux jours quand elle l’avait acceptée. Elle se retrouva assez rapidement devant la porte de l’infirmerie. Hésitant un instant, elle poussa ensuite le battant avec assurance. La jeune fille était au pied de son lit, dans une position peu rassurante, son griffon non loin. Elle semblait terrifiée, et contemplait son bras transformé en eau avec horreur. Apparemment, elle n’avait plus aucun contrôle sur ses dons. Le seul moyen d’arranger la situation était d’utiliser ses pouvoirs psychiques pour tenter de la calmer. C’était la pire chose qu’on pouvait lui demander. En général, elle recourait à ses aptitudes pour torturer les esprits, non pour les traiter. Elle s’accroupit auprès d’elle et la regarda d’un air contrarié, qui se voulait plus ou moins indulgent.

"Arandin. Cela fait bien longtemps que l’on ne sait vu… je vois que ta santé n’est pas aussi bonne que la mienne. Je n’ai guère envie de faire ce que je vais faire. Sache que si c’est le cas, c’est parce que j’y suis contrainte."

Alors que sa main était déjà tendue vers le crâne de la gardienne, Kinari émit une sorte de grognement. Alina le dévisagea avec une expression grave, et celui-ci comprit que c’était pour le bien de sa maitresse. Ceci fait, elle abattit sa paume. Des images défilèrent, des émotions, des souvenirs. La templière cherchait ce qui pourrait contribuer à l’apaisement d’Arandin. Le problème, c’était qu’à l’instar de ses pouvoirs, tout était en vrac dans son esprit. Autant retrouver une aiguille dans une botte de foin.

[T'inquiètes c'est pas grave, et c'est pas si mal. Même mon post est pas terrible alors...]