À la découverte de la ville

Une nouvelle mission, une nouvelle victoire pour la société secrète de Sapientes Gladio. C'était il y a un mois déjà que la jeune fille aidée de ses montres-servants s'étaient débarrassés d'ennemis potentiels pour la bonne continuation de leur plan. Cette fois-ci ce fut une longue bataille qui s'était déclenchée entre le groupe maléfique et un vieux magicien au caractère bien trempé. Bien-sûr, il y eut quelques conséquences malencontreuses, mais rien qui ne puisse vraiment affaiblir la guilde du terrifiant Raspoutine.
Après cet épisode mémorable, Alina repartit derechef pour un nouveau séjour à l'abbaye. Elle put enfin y retrouver Orion, son demi-frère, et leurs retrouvailles se firent sans trop de reproches l'un envers l'autre. Par contre, depuis la mission elle n'avait pas eut vent des activités de son tendre Nicolaï. Sans doute était-il reparti lui aussi de son côté.
En attendant, l'exorciste était de retour à Tomodachi. La ville devait faire face à de violents intempéries, ce qui ne dérangeait pas le moins du monde Alina. Elle continua à avancer vers l'entrée de la ville déserte sans encombre. Enfin, presque déserte, puisqu'elle aperçut une silhouette aussi encapuchonnée qu'elle ne l'était un peu plus loin devant. Elle était suffisamment ancienne ici, pour repérer les nouveaux d'un claquement de doigts. Ce qui se produisit. La personne, apparemment une fille, avait du mal à progresser à cause du vent. Elle ne supportait pas de voir la faiblesse des gens ordinaires. Ils lui faisaient pitié tout en la faisant rire. Ils étaient si insignifiant comparativement à la force et la puissance d'Asmodée. Elle la dépassa, puis la bouscula volontairement d'un brusque mouvement d'épaule.

"Regarde où tu vas. Les personnes de ton genre ne sont pas censées être dehors par un temps pareil."

Elle ne prit pas la peine de se retourner vers la malheureuse. L'eau qui dégoulinait sur elle la tueuse la rendait encore plus imposante qu'elle ne l'était déjà. Le contrôle d'Asmodée sur la mortelle semblait avoir augmenté.

**Vraiment pitoyable...**

A peine eut-elle cette pensée, qu'elle sentit un halo magique autour de l'inconnue. Elle n'était donc pas si ordinaire que ça. Elle fit volte-face et la contempla de son regard glacial.

"Une télépathe?" demanda-t-elle sans vraiment attendre de réponse.

La jeune femme avait fait un long, très long voyage... La pluie lui avait battu les flans et le visage pendant plusieurs jours consécutifs. Elle s'était habituée à marcher pliée en deux pendants des heures et des heures durant. Lorsqu'elle passa les portes de la ville s'était toujours le cas. Comme la journée se trouvait déjà en fin d'après midi, Haru était épuisée. Une jeune flemme la bouscula alors volontairement. Elle entendit alors ses pensées désagréables à son sujet. Elle tiqua quelques secondes Relevant la tête pour voir à travers les mèches encre la personne qui l'avait heurtée. La demoiselle en question, s'était retournée et la dévisageait froidement. Elle lui renvoya un regard similaire, noir givré. Elle lui répondit donc un peu sèchement oubliant sa prudence habituelle :

"Pense déjà à te regarder avant de juger le fait que quelqu'un soit pitoyable ou non."

Haru la dévisagea. Elle paraissait contente de la voir réagir avec froideur. Elle l'entendit parfaitement, sans avoir à fouiller d'une quelconque façon son esprit. Sa faculté de lire les pensées était active en permanence d'une façon latente sans qu'elle ne leur veuille. C'était comme des oreilles qui ne pouvaient ouïr qu'une seule sorte de son à la fois, mais en constance et sans inhibitions. La jeune femme ne se forçait pas c'est pourquoi une infime aura, voir aucune aura ne se dispersait d'elle. La faculté remplaçait simplement ses oreilles disparues, bien que celle-ci existât bien avant qu'elle ne perde l'un de ses sens. Tout le temps où elle s'était exprimée par la pensée, Haru s'était forcé à regarder son visage fixement comme si elle attendait une réponse. La fille méprisante lui avait tendu la main, mais elle l'avait ignorée totalement pour se relever seule dignement. Elle n'était pas vraiment tombée, mais avait simplement dû poser un genou au sol à défaut d'équilibre stable. Elle lui demanda alors le plus simplement du monde :

"Hé bien ? Je vous laisse sans voix ? Étonnant tiens !"

De son visage toujours inondé par les trombes d'eau qui tombaient de la capuche ruisselante n'apparaissait maintenant qu'elle l'observait que sa bouche surmontée d'un léger rictus narquois.

Alina resta un instant immobile, sa respiration à peine perceptible, à observer la jeune fille. Elle n'était pas aussi manipulable qu'elle l'aurait voulu. Elle ne voulait pas admettre qu'elle avait des pouvoirs. Dommage! Cela risquait d'être moins amusant que prévu. Mais si elle voulait jouer, elles allaient jouer. Sa cruauté naturelle ne se fera voir que davantage avec ça. Elle se plaça face à elle, de tel sorte qu'elle puisse lire sur ses lèvres.

"Je fais tout pour que tu me comprennes au mieux, et en échange tu te moques. Ce n'est vraiment pas... aimable de ta part..."

Avant qu'elle ne puisse réagir, elle posa sa main sur sa joue délicatement. Cela aurait pu être une simple caresse, si Haru (elle était parvenue à connaitre son prénom) n'avait pas commencé à ressentir une sorte de brûlure là où la paume touchait sa peau. En fait, Alina n'avait fait que tromper son cerveau pour qu'il traite la mauvaise information, d'où la sensation de douleur qui devenait de plus en plus intense. L'esprit n'avait plus aucun secret pour elle grâce à Asmodée. Elle avait d'ailleurs, déjà fait la même chose avec son ex-meilleure amie Myra.

"Le seul problème c'est que je ne supporte pas ce genre d'insolence. Alors sois une gentille fillette, et accompagne-moi..."

En cas de refus, elle avait déjà prévu un autre plan, bien plus redoutable celui-ci. Enfin, elle n'en était pas encore là.

Haru continua de sourire tranquillement. La femme qui se moquait du commun des mortels n’aimait pas se voir renvoyer sa propre attitude au visage. La fille trouvait ça hilarant quelque part et un petit rire s’agita dans son crâne. Elle lui répondit tout de même avec courtoisie :

"Si de l’amabilité tu as envie, je te serai gré de m’en faire part également."

Son sourire narquois ne la quittait pas alors que l’inconnue s’était approchée lentement pour lui caresser la joue. Elle ne tenta aucune esquive, restant simplement stoïque et légèrement hautaine. Un vague picotement la chatouilla quelques secondes. Elle avait sentit qu’à travers sa main elle avait cherché à manipuler ses sens. Malheureusement, lorsqu’elle avait perdu l’un de ses cinq sens, un autre l’avait remplacé et avait renforcé la muraille érigée autour de son esprit. Haru ricana.

"Je ne sais pas quel âge tu as mais je doute que je ne sois vraiment une fillette par rapport à toi. Je ne pense pas que l’insolence soit vraiment de mon ressort. De plus je pense que je vais devoir refuser des plus courtoisement l’offre de te suivre. J’ai malheureusement déjà une destination à trouver en premier lieu."

Elle la toisa de toute sa hauteur. Et lui fit l’honneur de retirer sa capuche relâchant un coulis de cheveux longs et lisses et ainsi lui offrir la vue de son visage d’une pâleur maladive. Ses yeux d’encre glacée ne clignaient même pas alors que le ruissellement de la pluie venait s’infiltrer en leur sein donnant l’impression que la jeune femme pleurait. Son regard était froid et était porté dignement à travers la cascade couleur jais qui les barricadaient. Haru était plus qu’insensible à la provocation à laquelle s’adonnait l’individu en face d’elle.

Alina écoutait la jeune fille lui répondre de ce ton si arrogant qu'elle employait elle-même. Cette Haru pourrait faire une bonne recrue, il fallait juste qu'elle oublie toutes ses notions de bien et de mal. Ce n'était pas très compliqué à faire, cependant. Au moment où l'exorciste voulu répliquer, elle s'arrêta net en ressentant une présence plus que famlière:

"Je pense qu'elle parlait de son âge mental. Mais peut-on savoir quelle est cette destination?"

Cette voix masculine, charmeuse et sèche à la fois semblait être sortie de nul part. Toutefois, la direction se précisa bien vite. Alina se retourna sans être trop surprise. Elle vit la silhouette tout vêtu de blanc s'approcher d'elles lentement, avec une élégance sans pareil. Ses cheveux blonds et son rosaire doré, semblaient étinceler même en l'absence de lumière. La templière ressentit une bouffée de chaleur indescriptible, qui était le symbole d'une certaine joie pour tout mortel qui se respecte. Elle eut un sourire enjoleur, en réponse à celui que le jeune homme lui lançait. Arrivé à sa hauteur, il plongea ses yeux amethyste fascinants dans ceux de l'adolescente aux cheveux d'encre. Ses prunelles se mirent à briller de cette couleur mauve, et son pouvoir d'hypnose enveloppa Haru. La preuve étant son regard vide, et ses iris qui avaient prit la teinte de celle du beau Nicolaï. Ce dernier posa une main sur la hanche de sa belle avec décontraction.

"Je suis arrivé au bon moment, sur ce coup-là..."

"J'aurais très bien pu y arriver seule." lança Alina sur un ton de défi. "Et puis, tu ne m'as pas prévenu de ta visite..."

"Cela n'aurait pas été une surprise si je t'en avais parlé avant..."

Sur ce, il passa sa main dans les cheveux de l'exorciste puis l'embrassa sans ménagement. Elle remarqua alors qu'il n'était pas mouillé, et qu'elle ne l'était plus, car le voile qui protégeait le jeune homme c'était propagé jusqu'à elle.

La jeune femme n'avait pas entendu arriver le nouvel individu. Elle l'avait simplement perçu au moment où il avait commencé à parler du fait que ses pensées étaient devenues nettement plus audibles que précédemment. Elle posa alors son regard sur lui et ses yeux croisèrent ceux améthyste du jeune homme. Une présence tenta alors de s'imposer à son esprit. Un forte poigne essayait de se refermer sur elle et de la soumettre à son joug. Seulement, si elle possédait cette faculté de s'immiscer dans le subconscient d'autres êtres, elle avait su se prémunir contre l'action inverse. Elle reconnaissait que Nikolaï comme elle l'avait entendu des pensées de l'autre jeune femme, avait une certaine force, mais ce n'était pas encore suffisant contre elle. Elle s'imposa face à lui, tout en lui donnant cette impression qu'il avait réussi à assouvir son ambition. La couleur de ses yeux reprirent alors leur teinte noire profond et se murent vers le couple qui s'embrassait en toute insouciance. Cette courte lutte contre les agressions de ces importuneurs n'améliora pas son état de faiblesse. Depuis plusieurs jours elle se traînait une sale grippe qui n'était pas arrangée par le temps. C'était pour cela qu'elle voulait se trouver une pharmacie, histoire d'avoir des médicaments. Chacun de ses membres pourtant si légers d'habitude, lui semblaient maintenant peser deux tonnes à cause de la fièvre qui ne la quittait pas. Au cours du voyage elle avait déjà perdu plusieurs fois connaissance, et s'était réveillée elle ne savait combien de temps plus tard toujours au même endroit tremblant sous la pluie torrentielle. Haru comptait amorcer un mouvement pour passer rapidement à côté des deux autres, mais un vertige la coupa dans son élan.

*Tchhh... C'est pas le moment pour ça...*

[La grippe A est parmi nous!!! Fuyons!!! xD]

Lorsque le pouvoir hypnotique de Nicolaï se dissipa, quelques secondes après, ce dernier avait déjà scanné l'esprit de la jeune Haru, et Alina également. Ils savaient donc ce qui dérangeait tant l'adolescente. Sa grippe. Plus précisément, la fièvre due à cette grippe. De plus, se promener sous la pluie n'était pas vraiment conseillée dans ces cas-là. Au moment, où la télépathe voulut prendre la poudre d'escampette, un violent malaise la prit. Le couple ressentit son agacement, et c'est Nicolaï qui s'exprima le premier. Puisqu'il embrassait toujours sa belle, il le fit par la pensée.

**Que se passe-t-il? Apparemment les pouvoirs psychiques ne guérissent pas les vilains rhumes...**

Evidemment, la présence de démons dans les âmes des deux exorcistes, les protégeaient de ces maladies purement réservées aux mortels. Alina repoussa alors son amant d'un doigt sur ses lèvres, et se retourna vers Haru. Il ne l'abandonna pas pour autant, car il garda une main sur la hanche de la demoiselle. A croire que la présence de son petit ami avait élargit son sourire narcissique. Elle était encore plus sûre d'elle que précédemment. Et puis, la nouvelle venue avait résisté au sortilège d'hypnose, c'était bien la seule capable de faire cela, sans compter le chef de Sapientes Gladio, Raspoutine. Bizarrement, Alina prit un air plus sérieux.

"Tu sais, je connais quelqu'un qui pourrait te remettre sur pied en un rien de temps. C'est une spécialiste des potions, et autre traitements par les plantes. Il te suffirait de nous faire confiance..."

Nicolaï soutint l'idée de sa compagne.

"De toute façon, nos pouvoirs sont majoritairement basé sur l'esprit, et tu sembles bien te débrouiller dans ce domaine. Tu ne cours donc aucun risque."

La jeune femme allait répondre quand elle sentit sa gorge la gratter attrocément. Malgré tout elle resta stoïque et contint son envie de tousser. Haru se concentra sur ce que le couple lui disait afin d'éviter de laisser paraître autre chose sur son visage qu'une indifférence glaciale. Apparemment de ce qu'elle avait réussi à lire étant donné son niveau de concentration et le fait que la fièvre rendait sa vision quelque peu floue, ils lui avaient proposé de les suivre pour la soigner. Elle tanta d'émettre un léger rire sarcastique, mais de la douleur qui lui parvenait de sa gorge, elle compris qu'elle avait plutôt laissé échapper une sorte de râle rauque qui la fit aussitôt tousser comme une tuberculeuse. Elle peinait à reprendre son souffle, manquant de s'étouffer chaque fois un peu plus. Malgré tout elle restait droite et fière. C'était cette même fierté qui lui permis alors qu'elle manquait d'air à articuler d'une voix brisée et rauque :

"Je ne pense pas que vous sauriez quelles plantes médicinales utiliser sur moi... Et m'est d'avis que vos pouvoir ne se limitent pas à ce que vous voulez bien faire croire aux gens. Ce n'est pas à ceux qui se permettent des bassesses que ma confiance sera offerte. Donc je vous saurais gré d'arrêter de tenter vainemen de me manipuler."

La jeune ne savait pas si elle avait réussit à parler correctement, mais cette fois sa toux se fit catastrophique. La tête lui tournait, elle n'arrivait qu'à peine à respirer, toute sa vue s'était transformée en un mélange de teintes grisâtres tourbillonantes. Elle plaçait toute sa volonté dans le fait de ne pas plier devant ces inconnus. Malgré l'étendue de cette nouvelle crise et la douleur insupportable de suffoquer, elle donnait de toute sa personne pour garder son regard de tueur glacial, et ne laisser paraitre qu'une simple gêne à parler, visage gardant un masque de froideur total. Haru se savait plus vulnérable que d'ordinaire en cet instant, c'était pour cela qu'elle ne se laissait surtout pas aller. Dès qu'elle arriverait à se débarasser de cette maladie collante, elle pourrait à nouveau donner la pleine mesure d'elle-même. Malheureusement pour elle ce n'était pas du tout le cas pour le moment. Elle se sentait tellement amoidrie et faible que s'en était risible. Si la situation l'avait permis elle se serait laisser aller à éclater de rire.