À l'orée de la nuit

Tentant de traverser l'insondable obscurité à l'aide de battements réguliers, je prends un plaisir évident à me laisser griser par l'odeur boisée des pins et des tilleuls.

La lune est ronde cette nuit-là et sa lumière pâle enveloppe la terre d'un fin voile blanc qui contraste avec l'obscurité des sous-bois. 

La lumière argentée semble pourtant mourir au pied de la ville qui s'étend à perte de vue de l'autre côté des branchages. Si je penche ma tête, je perçois de mon œil vif des sortes d'arbres dénués de feuilles et de branches, paraissant atteindre le ciel mais dont l'abscence d'odeur m'incommode souvent. J'aime pourtant voir le mouvement des êtres qui habitent et fourmillent dans les ruelles de cette étrange forêt faite de pierre  de verre.

Un mouvement me tire soudain de mes rêveries, ce que je prends tout d'abord pour une humaine vient de tomber à même le sol. Elle semble embrasser la terre. Je resserre ma prise. Je penche ma tête vers cet être dont je perçois la nature divine. 
Sa peau blanche et lumineuse me brûle les yeux, je ne suis pas habitué à une lumière si vive.

Je l'entends rire, elle se lève,  me salue et continue sa marche malgré sa fatigue apparente. 

"Je crois que je suis enfin arrivée... mais pourquoi ai-je si mal aux jambes?" 

La divinité pâle se dirige vers les portes de la ville, fredonnant des paroles inaudibles, qui s'évanouissent dans le calme de la nuit. 

Je ne la distingue presque plus maintenant, je prends donc un peu d'élan et m'élance dans le vide. J'hulule dans la nuit.

La journée avait été encore bien mouvement pour Namashi. Ces derniers jours, les choses étaient pas mal mouvementées. Au manoir, avec toute cette petite troupe, la demeure était bien animée. Alors que la journée le Hunter la passait essentiellement dans le monde céleste, enquêtant avec Kai et Iori... Il n'y avait que le soir que le Maitre des éléments revenait à Tomodachi et pouvait se poser tranquillement.
Mais ces grosses journées n'étaient pas pour déplaire à Nama', bien au contraire ! C'était un réel bonheur pour lui de voir ses amis au Manoir Omura. Enquêter dans le monde céleste semblait plus sombre, mais cela laissait également de l'espoir...

Dans tous les cas, le Hunter voulait profiter de sa soirée comme à son habitude.
Une seule adresse fidélisait Namashi. C'était un petit bar qui s'était installé dans l'entrée de la ville.
Chaque fois qu'il entrait dans cet établissement, l'Être céleste se sentait transporté !

" Namashi !! Quel plaisir de te voir ! J'ai bien cru que je ne te verrai pas ce soir !!! "

" Salut Carlos ! "

" La même chose ? "

" Bien évidemment ! "

Le Hunter prit alors place au bar, cet endroit était ni plus ni moins qu'un bar à Rhum, mais c'était un boui-boui atypique... L'endroit n'était pas fameux en ville, aucune réputation, des avis sur internet quasi-inexistant, bref, un véritable petit trésor pour Namashi.
Une fois installé au bar, Carlos posa le verre de Rhum devant le Hunter, ainsi qu'un cendrier.
Sortant une cigarette qu'il mit en bouche, Namashi dit alors.

" Merci Carlos... C'est encore calme ce soir ? "

" Ahaha tu trouve ? Super alors si tu as ce sentiment ! Tout le monde est dans la cave !! "

" J'savais pas que c'était une soirée combat... "

" Pourtant, on a un champion qui participe !! Il va me ramener un sacré billet !!... Enfin sauf si tu veux y participer ? "

" Non, pas intéressé ! "

Dans un soulagement, Carlos lâcha un petit sourire avant de se diriger vers un couple qui venait d'entrer dans son établissement.
Après avoir tiré sur sa clope, Namashi porta alors son verre aux lèvres.
Suite à sa gorgée, l'Être céleste voyait son regard se perdre sur les glaçons qui s'entrechoquaient dans son verre.
Au fond de lui, il le savait, il avait encore quelques affaires à régler à Tomodachi... Mais très vite, il allait quitter la ville, et retrouver son fils ! Ses journées avaient beau être surchargés, il trouvait quand même le temps d'obtenir des renseignements sur Masashi, son enfant.
Il en avait la certitude, il allait très vite retrouver son enfant !

Après avoir fini son verre, il en enchaîna un deuxième, puis un troisième. Puis après avoir réglé sa note à Carlos, Namashi salua son ami et quitta l'établissement. Il était temps pour lui de rentrer dormir, demain, une grosse journée l'attendait encore. Alors qu'il déambulait dans les rues de la ville, Namashi se dirigeait vers l'entrée, ce chemin serai plus rapide pour regagner le Manoir Omura qui était à l'extérieur de la ville.
Mais alors qu'il avançait tranquillement, le Hunter qui venait de coincer entre ses lèvres une cigarette, était en train de chercher son feu dans ses poches, ce qui était un peu con pour un Maître des éléments !... Mais avec tout ça, il ne fit pas attention à la personne qui arriva alors face à lui.
Il percuta alors une jeune femme. Relevant alors brusquement la tête, il s'exclama alors en s'assurant que la personne face à lui ne s'était pas fait mal.

" Houla... Désolé, j'étais dans la lune... Vous allez bien ? "

Dans la ruelle étroite, on pouvait voir la fille de lune cheminer silencieusement le regard flou. Elle semblait être comme moi, un rejeton de la société, portant à bout de bras une solitude exacerbée qui l’empêchait d’atteindre cette verticalité propre à l’homme et à ses desseins.


Je la vis traverser la Place de l’Hôtel de ville, avant de rejoindre une nouvelle intersection. Elle cheminait sans but comme un animal, sans se soucier de la raison qui la poussait à continuer d’avancer. Je la suivis ainsi un long moment, prenant garde de rester dans la pénombre des gouttières.


De loin, j’entendis des pas sourds et réguliers et vis, encore assez éloigné, un homme à l’essence divine, tournant justement au coin de cette rue, arrivant alors dans sa direction. J’allai me réfugier à l’ombre d’une boite de conserve, mon ventre criant famine, mais ne pouvant néanmoins détacher mon regard de ces deux âmes solitaires dont la rencontre semblait maintenant inexorable.


C’est lorsque l’homme arriva sous la lumière blafarde d’une lanterne qu’il se heurta à la fille de lune. La réponse qui s’ensuit fut des plus appropriées mais la surprise de la divinité lunaire l’emporta sur l’analyse littéraire et cette dernière n’émit qu’un cri plaintif, semblable aux couinements de ceux de mon espèce.


« Je suis désolée… ! j’étais moi-même perdue dans mes pensées.». Il se dégageait de lui une odeur aromatique d’alcool, de miel et de tabac qu’elle semblait percevoir et qui la détendit quelque peu.


« D’ailleurs je ne sais pas vraiment où je vais passer la nuit. » Alors qu’elle prononçait cette phrase elle regarda dans ma direction, semblant s’être rendu compte de mon existence. Elle prit un morceau de pain dur qu’elle posa sur le sol. « Je ne connais personne et je ne sais où aller. » Elle pointa l’astre asphalte avant de poursuivre d’un ton détaché, « Je sais juste que je ne veux plus jamais y retourner… ». Reniflant l’odeur du pain rassis, je dû me faire violence pour ne pas me jeter sur ce dernier.


« Puis-je vous accompagner ? » finit-elle par demander, paraissant se raccrocher désespérément à cette unique voix qui s’était élevée pour elle. « J’ai soif. ».

Visiblement, la jeune femme n'avait rien de cassé ! Voilà qui eut le mérite de rassurer le Hunter. Autre point qui eut le mérite de la rassurer fut que visiblement, elle ne semblait pas le connaître ! Et ça, c'était top ! Si Namashi traînait en ville tardivement, c'était pour éviter un maximum les habitants de cette ville. Donc par déduction, soit cette personne vivait dans une grotte couper de tout, ou, tout simplement, elle était étrangère à la ville, et venait tout juste d'y arriver !

Mais alors qu'elle venait de lui assurer que tout allait bien et qu'elle-même était dans la lune, la jeune femme admit qu'elle ne savait pas où passer la nuit, mais à ces mots elle avait tournée le regard, et sembla concentrer celui-ci dans une direction bien précise. Lorsque Namashi regarda au même endroit que la jeune femme, il ne vit rien d'anormal.
Pourtant, il semblait bien y avoir quelque chose, puisque l'inconnue plaça à présent un morceau de pain dur à terre, tournée dans la direction de son regard... Un animal ? Se dit alors le Hunter qui resta quelque peu perplexe. Mais il choisit de ne pas porter d'avantage attention à ce détail, et reporta son regard vers la jeune femme.
Le fait qu'elle lui confie ne connaître personne confirma au Maître des éléments qu'elle devait effectivement arriver tout juste à Tomodachi.

Un autre détail piqua sa curiosité, elle venait de pointer la lune déclarant ne plus vouloir y retourner... Silencieux, Namashi venait d'écouter attentivement ce que venait de dire la jeune femme, tout en allumant sa cigarette... Il devait s'y attendre... Cette ville avait l'art d'attirer des gens atypiques... Si la majorité des habitants étaient des humains sans pouvoirs, la plupart des arrivants avaient eux, une vie hors du commun... Que ça soit par de la magie, des pouvoirs, ou encore une destinée hors du commun...
Au moins, elle avait de la chance... Elle était tombée sur un Hunter... Les choses auraient pu être plus compliquées si elle avait croisé la route d'un Devil, même si récemment, ils étaient bien trop discrets...

" Bien sûr... Je n'ai pas pour habitude de laisser les gens dans la galère... "

Répondit alors le Hunter.
Il sembla alors fouiller dans ses poches, avant d'en sortir une flasque.

" Désolé, mais je n'ai que du whisky sur moi... Sinon, si vous pouvez attendre encore un peu, quand on arrivera là ou j'vis, j'aurai un choix un peu plus conséquent... En nourriture et en boisson ! "

Dit alors Namashi avec un petit sourire en coin.

" Allons y ! "

Il invita alors la jeune femme à le suivre.

" Vous v'nez d'arriver à Tomodachi je ne me trompe pas ?... Ah... moi c'est Namashi! Ravi de faire votre connaissance. "

Alors qu'il venait de se présenter, le Hunter reprit sa marche, suivit par l'inconnue. Le Maître des éléments était curieux de savoir si cette créature à qui la jeune femme avait donné un bout de pain allait la suivre ou non... Il finirait bien par le découvrir.
Histoire de tout de même rassurée la nouvelle arrivante, le Hunter lui expliqua alors où ils allaient... Surtout que quitter la ville pour aller dans les bois ça pouvait paraître louche...

" Vous inquiétez pas... J'suis pas un type bizarre hein... Si on va dans les bois, c'est parce que c'est là où j'vis... On a un Manoir qu'on partage avec des amis ! Vous aurez tout là-bas... Chambre, repas ! Ça va l'faire ne vous faites pas de soucis ! Et pour mes amis... S'ils avaient été à ma place, ils auraient sans l'ombre d'un doute agi comme moi, et n'auraient pas hésité à ramener une inconnue au manoir pour l'aider !! "

Alors qu'ils avancèrent vers la demeure des Omura, le calme de la ville s'estompa de plus en plus, pour laisser place à la forêt qui dégageait une tout autre ambiance en pleine nuit... La pleine lune avait beau éclairer du mieux qu'elle le pouvait, il allait être compliqué à travers tout ces arbres de donner une bonne visibilité à ces deux personnes...
Namashi hésita alors un instant... Puis il repensa alors aux mots de la jeune femme... Si elle n'était pas une Terrienne normale, alors autant crever l'abcès directement.
Il tendit sa main et fit alors apparaître à son creux une flamme, qui allait faire office de torche, leur permettant de se diriger sans soucis dans ce bois.
Le Hunter reprit alors la parole.

" Ne vous inquiétez pas, mon feu est inoffensif tant qu'il n'y a pas de danger !... Vous aussi vous avez des capacités ?... Je veux dire... Tout à l'heure quand vous m'aviez dit que vous ne vouliez pas y retourner... "

Bon, c'était toujours délicat de dévoiler ses pouvoirs, après tout, si l'inconnue n'était absolument pas liée à une quelconque magie ou quoi, elle pourrait prendre peur. Après tout, elle était peut-être juste astronaute et revenait d'une expédition qui avait mal tourné... Ou alors elle était peut-être même juste folle ! Mais pourtant, Namashi souhaitait plus croire au fait qu'il avait en face de lui quelqu'un comme lui, qui n'était pas "normal" dans ce monde.

" Alors dites moi, qu'est-ce qui vous a amené à Tomodachi ? "

Namashi saisit alors sa flasque et la rangea dans sa veste. How, elle venait de tout descendre d'une traite ? Sacré descente !! Lorsque la jeune femme lui assura être redevable, le Maitre des éléments reprit alors.

" Vous ne me devez rien du tout ! Pas de problème, ne vous en faites pas ! "

Admit-il dans un léger sourire.
Ce n'était pas spécialement faux, l'Être céleste aimait rendre service, mais ça le gênait quand les gens se sentaient redevables.

Il fut cependant surpris de voir que la jeune femme n'allait pas finir sa phrase concernant sa venue sur terre... Bon, il ne comptait pas la forcer à parler, si elle n'avait pas souhaité finir sa phrase, c'est qu'elle devait avoir ses raisons. Tôt ou tard, ils auraient peut-être l'occasion de reprendre ce sujet et de terminer cette discussion.

À nouveau, la jeune femme éprouva la reconnaissance qu'elle avait envers Namashi, et lui demanda s'ils pouvaient se tutoyer.

" Ouais, carrément, je préfère aussi en vrai ! "

Lui assura le Hunter, qui avait jusqu'à présent plus agit par politesse !
Ainsi, la jeune femme se prénommait Naé. Il avait son prénom, mais dans la foulée, il eut le droit à un petit taquet ! Il ne semblait pas menaçant ? Lorsque la jeune femme lui fit part de son avis, Nama' ne put retenir un petit rire. À une époque, c'était loin d'être le cas ! Il avait bien changé depuis qu'il s'était posé à Tomodachi... Enfin, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même !

Puis la jeune femme sembla intéressée par la magie que venait de produire l'Être céleste. Si elle avait dans un premier temps approché sa main vers la flemme, c'était finalement sur le bras tendu qu'elle préféra glisser ses doigts jusqu'à une entaille. Posant sa paume sur cette marque, Namashi eut la surprise de la voir se refermer instantanément. Ainsi, elle avait bien elle aussi des pouvoirs !
Attentif, il écouta la suite des explications de Naé, observant alors avec attention la démonstration qui suivait, cette fois ci elle n'avait non pas soignée une blessure, mais venait de s'en créer une. Impressionnant ! Namashi était curieux de savoir comment elle utilisait ses facultés en combat !!
Puis Naé enchaîna alors sur ses raisons ici... Le Hunter marqua alors un temps d'arrêt avant de lui répondre. Il sembla pensif et la jeune femme risquait de se dire qu'elle avait peut-être dit une bêtise au vu de sa non-réponse. Mais l'Être céleste brisa finalement le silence.

" T'en fais pas... Si le destin t'a conduit à Tomodachi... Alors... C'est qu'il y a une bonne raison ! Ici, rien est anodin ! Cette ville a l'art de réunir les gens et de leur offrir des opportunités !! Tu finiras par trouver une raison qui a pu te conduire ici... J'en suis persuadé ! Et j't'aiderai avec plaisir d'ici là ! "

Répondit-il avec un sourire aux lèvres.

" Bien, continuons ! "

Le Maître des éléments détourna alors son regard de Naé et reprit sa route. Ils avaient encore quelques bornes à faire avant d'arriver au Manoir.

Après un bon moment de marche, le duo finit enfin par arriver devant le Manoir Omura... Cette demeure imposante, qui se terrait au fond des bois, semblait bien calme...

" Et voilà ! C'est ici !... Bon, y a encore de la lumière, mais pas sûr qu'ils ne se soient pas endormi.... Dans tous les cas, si tu croises quelqu'un de ce bâtiment, ne t'en fais pas, ils sont tous extra' ! Et seront ravi de t'accueillir, alors n'hésite pas à te présenter à eux !... Juste.... Ne parle pas musique avec Clapt'... Tu ne peux pas le louper, c'est le seul robot ici ! "

Après cette rapide précision, Namashi invita alors Naé à rentrer à l'intérieur du Manoir.
Passé l'entrée, ils se dirigèrent alors aussitôt dans la cuisine.

" Alors dis moi.... Qu'est-ce que tu as l'habitude de manger ? Je peux te préparer un truc !... Même si... J'sais pas trop ce que tu avais l'habitude de manger sur la lune.... "

Le ciel étoilé se déversait à l'infini au dessus de ma tête me rappelant que l'heure de la chasse arrivait enfin.

Je sortis donc de mon terrier avec précaution prenant garde de ne produire aucun son qui pourrait trahir ma présence.

Cheminant sous les sous-bois, l'odeur métallique du sang frais finit par me mener jusqu'à un rongeur dont la tête venait d'être arrachée. Vestige d'un repas laissé par un précédent prédateur.

Cette nourriture facile tombait bien et je pris un grand plaisir à déchirer de mes dents la chaire encore tiède du petit animal.
Sous ma langue je sentis une poche élastique que je dû malaxer longtemps avant de pouvoir en avaler son contenu délicieux: petits êtres en devenir qui glissèrent dans ma gorge. l
La ratte était morte
gestante.

Le museau barbouillé de sang je finis par poursuivre mon chemin, jusqu'à tomber sur une grande bâtisse humaine. Peu sauvage, je m'avançais sans prendre la peine de me cacher.

Derrière une fenêtre je vis deux êtres converser.
"Cest compris...je ne lui en parlerai pas alors..."

Naé regardait autour d'elle avec attention, les pièces étaient spacieuses, ça en devenait presque angoissant. Elle ne semblait pas habitué à tant d'espace.

"Je peux me passer de nourriture, je récupère mon énergie grâce à un autre médium.
Mais si tu as faim je t'accompagnerai bien volontiers.
Depuis que je suis arrivée ici il me semble ressentir la faim et la soif. Ta flasque ne le sait que trop bien."

Tout en parlant d'un ton enjoué Naé commença à ouvrir quelques portes et étagères, sans paraîte éprouver la moindre gêne. Tout était nouveau pour elle et la moindre petite babioles suffisait à exciter sa curiosité.

"Où est ma chambre ?"

Finit elle par demander.

“ Non mais l’eau c’est H2O, ça veut dire qu’il y a deux hydrogènes et un oxygène ! “

“ Mais pourquoi on mettrait de l’oxygène dans l’eau ? Il y a pas d’air dans l’eau ! “

“ Non mais si tu découpes l’eau, tu vois… “

“ Mais moi quand je sépare l’eau, j’ai pas d’air ! “

Aaaaaah, Lysis et son incapacité à comprendre ce qu’elle ne visualisait pas ! Et vu l’heure, elle ne pouvait pas demander d’aide à Ayano, ni même déranger qui que ce soit au manoir. Bon, au pire, elle n’avait qu’à bêtement appliquer, cela suffirait pour l’exercice… Mais pas pour le contrôle de la semaine suivante !

Au final, après un bon moment, Hanyuu avait quitté la pièce, sans doute pour aller dormir… et l’estomac de la fillette s’était mis à gargouiller. C’est que ça pouvait donner faim d’étudier de la chimie ! Silencieuse, l’illusionniste avait alors quitté sa chambre pour aller à la cuisine de l’étage, là, comme à son habitude en cas de faim nocturne, elle attrapa un bol qu’elle pose sur la table. Sans plus tarder, elle attrapa également sa boîte de céréales qu’elle ouvrit sur le bol… pour voir trois ou quatre pétales de chocolat tomber. Mince, elle avait dû oublier d’en racheter pour la cuisine de l’étage ! Elle n’y allait vraiment que quand elle avait faim le soir, et donc, elle ne pensait jamais à en vérifier le stock..

Grommelant un instant, elle attrapa son bol, son cahier de chimie et descendit l’escalier, aussi silencieuse que possible. En plus, l’heure tournait et elle commençait à être un peu fatiguée, mais elle devait vraiment bosser pour son contrôle ! Et cette faim qu’elle ressentait…

En arrivant au rez-de-chaussée, elle entra dans la cuisine le plus naturellement du monde, posa ses affaires et se dirigea vers le frigo où elle inscrivit “Céréales pour l’étage” sur la feuille tenant grâce à un aimant dessus. Suivant toujours un automatisme presque effrayant, elle ouvrit une armoire pour sortir une boîte de céréales, sortit du lait et remplit -enfin- son bol de la nourriture tant désirée. S’asseyant alors à la table, s’apprêtant à engloutir une cuillère de son “repas”, elle leva enfin les yeux vers les deux autres personnes présentes.

“ Oh ! Nama’ ! Et… Heu… Bonjour Madame ! “

L’instant suivant, elle avait déjà englouti sa cuillère, ne pouvant se retenir de faire un grand sourire en sentant le goût des pétales chocolatés. Sans plus tarder, elle rouvrit son cahier et recommença à étudier… Avant de s’arrêter à la troisième cuillère de céréales, réalisant qu’elle s’était pas seule.

“ Ah… Heu… Vous voulez que je retourne à l’étage ? “

L'arrivée d'une nouvelle personne, sûrement une résidente du manoir, suffit à suspendre les gestes calmes de Naé, forcée de remettre à plus tard sa découverte des lieux et des tiroirs.

Elle était plus jeune que la fille de lune, paraissant même se trouver encore au seuil de l'enfance.

Naé s'approcha de celle qui n'était encore pour elle qu'une etrangere, l'observant avaler une étrange mixture. Le va-et-vient de la cuillère fit naître une mousse écumante à la surface du lait frais, lui rappelant peut-être le contour de son astre natal.

Naé répondit finalement à son salut sommaire,

"Pourquoi devrais-tu nous laisser, n'est-ce pas ton territoire ici ?"

Elle s'approcha encore plus près d'elle,

"C'est la première fois que je vois une enfant de ton sexe... il est vrai que l'on ne sacrifiait chez moi que de jeunes garçons..."

Un air triste et las semblait avoir figé l'espace d'un instant les traits de la fille de lune.

Mais très vite elle se reprit, portant une attention particulière aux livres de la jeune fille.

La faim me rongeant les entrailles, je décidai de laisser là ces êtres si étranges et m'en fut dans la forêt, le cœur lourd.

En cette douce nuit de pleine lune Douchka avait décidé de se plonger dans un entraînement acharné depuis plusieurs mois, elle plongeait son temps libre dans des exercices compliqués de mathématiques appliquées et faisait beaucoup de sport ! Elle avait même dû prendre un professeur à domicile et allait même parfois prendre des cours à l'université, elle avait déjà eu sa licence en géographie avant d'arriver à Tomodachi. Elle regardait également de très longs documentaires sur les avions et leur fonctionnement, en bref la jeune femme rêvait de savoir un jour un de ces engins gigantesques ! Suivre une carrière militaire l'aurait trop éloignée de ses amis et elle voulait rester à Tomodachi pour le moment mais seulement voilà Solveg avait des besoins très spécifiques et essentiels pour être heureux et en bonne santé. Ce qui obligeait la brune à chercher un lieu de vie éloigné du centre ville,  de tout bruit parasite pour l'animal et puis se promener trop souvent avec le félin en public effrayait les habitants, ce qui n'arrangeait pas la vie de la jeune femme. Elle avait été contrainte de faire louer l'appartement qu'elle avait acheté en ville, elle avait téléphoné à Namashi il y a deux semaines pour lui demander si elle pouvait revenir vivre au manoir avec son tigre et il avait fort heureusement accepté. Elle était donc revenue habiter au Manoir Omura avec Lysis, Namashi, Iris, Yosama et Hanyuu !

La cervelle en ébullition à cause du chapitre parlant des distributions que son professeur lui avait demandé de réviser la brune avait décidé de faire une pause avant d'exploser. Allongée dans sa chambre blanche et argent elle se redressa du tapis noir sur lequel elle était puis mis un marque page sur le lourd ouvrage intitulé Mathématiques appliquées pour ingénieur puis le posa sur son bureau agacée, elle regarda par la fenêtre son tigre qui courrait dans l'herbe autour du manoir chassant un petit animal qui semblait être une fouine. Elle sourit à cette vision, au moins il était heureux lui, elle enfila ses pantoufles grises toutes simples puis sortit de sa chambre et descendit à la cuisine du bas.

Portant un casque audio sur les oreilles elle n'entendit pas les voix des autres occupants du Manoir qui quant-à eux étaient également présents dans la cuisine, elle remarqua notamment la présence de Lysis. Elle lui fit un signe de tête pour la saluer puis ouvrit le frigo américain et sortit un grand saladier recouvert de cellophane puis sortit également deux petits bols. Dans le saladier il y avait des raviolis polonais farcis aux fromage frais et à la pomme de terre que Douchka avait préparés au préalable on appelait ça des pierogi. Dans le premier bol il y avait une sauce tomate maison et dans l'autre des beignets fourrés au chocolat qu'un ami de Douchka lui avait donnés. Elle prit du jus de pomme et referma le frigo mais sursauta dès qu'elle vit Namashi et Naé, elle épousseta son tee-shirt noir et son short en jean et les regarda :

"Bordel vous m'avez fait peur !"

Elle mit sa musique en pause et regarda Namashi interloquée :

"Tu te fais discret ces temps-ci Namashi !Comment tu vas ? T'as ramené de la compagnie ?"

Elle regarda alors la jolie jeune femme brune à son tour :

"Bonjour ! Désolée pour le dérangement... Vous devez avoir faim, si c'est le cas vous heu pouvez piocher dans ce que j'ai sorti ça me dérange pas vous savez !Bon heu sauf les raviolis parce qu'il faut que je les cuise mais heu... Vous pouvez faire comme chez vous ou chez toi....? Je sais pas quel pronom utiliser..."

Tandis que sa maîtresse parlait Solveig choisit alors ce moment précis pour rentrer au manoir et venir se frotter affectueusement contre les jambes du maître des éléments montrant sa gratitude de le revoir.

Lorsque Naé expliqua à Namashi qu'elle n'avait pas spécialement besoin de se nourrir pour reprendre des forces, ce dernier ne put retenir un petit rire lorsqu'il la vit fouiller dans les moindres placard. Ça aurait pu paraître comme un manque de savoir vivre pour certaines personnes, mais pour le Hunter, c'était marrant à voir.
Elle lui demanda alors où était sa chambre.

" Il en reste des libres à chaque étage ! Tu n'as qu'à choisir ce qui te conviens le mieux ! D'autant que ce lieu est relativement spécial en terme de chambre. "

Il lui expliqua alors que le Manoir avait cette particularité de faire apparaître et disparaître les chambres, que celles-ci étaient attitrés aux personnes qui l'occuperait, de ce fait, Naé n'aurai aucun mal à avoir sa chambre, et que même après une longue absence, elle pourrait retrouver celle-ci aisément.

Mais alors qu'il venait de terminer ses explications, une troisième personne arriva alors dans la cuisine. Lysis venait de faire son entrée, et sembla d'ailleurs plus absorbée par l'élaboration de son bol de céréales que ce qui pouvait l'entourer. Si bien qu'elle ne remarquât pas la présence de Naé et de Namashi seulement lorsqu'elle s'apprêta à engloutir sa première cuillère !

" Salut Lysis! J'te présente Naé, c'est une amie à moi qui va rester au manoir pour le moment !... Non, non reste ! "

Naé s'était d'ailleurs étonné de la question de la jeune fille. Peut-être que l'Illusionniste voyait en Naé une nouvelle conquête comme il avait l'habitude de faire à l'époque.

Mais alors qu'il laissa les premiers échange se faire entre Lysis et Naé, l'Être céleste repensa au fait que la nouvelle arrivante n'avait pas besoin de repas, dans le fond, il n'avait pas spécialement faim lui non plus... Il ouvrit alors son bar et se servit un verre de Whisky, dans le fond elle n'avait fait qu'une bouchée de sa flasque... Peut-être était elle amatrice d'alcool. Il servit finalement un deuxième verre qu'il posa alors devant la jeune femme, tout en restant silencieux.
Il écoutait attentivement les dires de Naé concernant le fait qu'elle avait rarement vu des jeunes filles, enchaînant alors ensuite sur le sacrifice des garçons.

" Vous sacrifiez les garçons ?... Mais dans quel but vous faites ça ?... "

Mais à peine avait il posé sa question qu'à nouveau quelqu'un fit irruption, cette fois-ci, c'était Douchka qui venait d'entrer dans la cuisine.
Lorsqu'elle réalisa enfin la présence du Hunter et de Naé, elle eut un sursaut.

" Yo! Ouais... On peut dire qu'en ce moment, c'est pas mal chargé... Je continue mes recherches concernant le monde Céleste. "

Il fallait avouer que depuis que ses amis s'étaient confronté à la malédiction de Yosama, beaucoup de chose se passait visiblement autour de son monde d'origine... Mais très peu d'élément venait lui apporter la moindre réponse... Il était quelque peu au pied du mur.
D'ailleurs, ces recherches lui montaient tellement à la tête, qu'il lui avait suffi d'évoquer le monde céleste pour voir son esprit se perdre à nouveau dans tous ces éléments... Il savait qu'il devait lâcher prise de temps à autre, c'était d'ailleurs pour ça qu'il s'était posé aujourd'hui, mais au vu des enjeux, ce n'était pas si simple !

Mais alors qu'il était dans ses pensées, le Maître des éléments sentit contre ses jambes Solveig. Dans un petit sourire, Namashi lui tapota alors la tête. Brave bête !

Tigris



Lorsque nous rentrâmes dans la pièce ma prise et moi, mon regard vint se poser instantanément sur la nouvelle venue dont la retenue et le calme m’intriguèrent quelque peu. J’émis alors un râle sourd à peine audible. Elle m’entendit, me regarda un instant, visiblement étonnée mais en aucune façon apeurée. Je restai dans l’embrassure de la porte, ma douce maîtresse se trouvant encore à l’étage, ma proie entre les dents.

La jeune femme se tenait là, fragile, dans sa robe blanche et noire, dénuée de griffes et de crocs, mais ne semblant pourtant pas ressentir de peur. Ce n’est pas qu’elle n’avait pas conscience du danger, son pouls s’était accéléré dès que j’étais apparu à elle ; mais ses yeux gris et froids paraissaient résignés à accepter n’importe quel malheur. Ils semblaient même l’appeler.

Elle se tenait debout, à la verticale comme tous les humains, mais un poids invisible obligeait son âme à se courber, la faisant perdurer en une impitoyable horizontalité. C’est peut-être pour cela qu’elle me semblait si familière, elle détenait cette résignation des animaux sauvages contraints de se soumettre à la volonté des hommes. Ce n’était heureusement pas le cas pour moi, et je senti alors une joie ineffable rejaillir de mon large poitrail en me faisant cette réflexion. Reconnaissant envers celle qui était tout pour moi, j’agitais ma longue queue afin de signifier à tous ce lien si fort qui me liait à elle, et qui ne se briserait que lorsque l’un de nous deux faillirait. Je lâchai ma proie.

Immobile, mon attention se porta ensuite sur ce bon vieux Namashi. Il se servit un verre du breuvage musqué à la robe ambrée dont il raffole tant, remplissant un second pour l’étrangère à la peau blafarde. Une légère flamme raviva alors l’éclat de ses yeux clairs, lorsque la jeune femme sans dire un mot, porta le verre à ses lèvres ; il semblait apprécier sa compagnie et ce goût commun pour la boisson paraissait les réunir.

Naé remercia Namashi. L’alcool aidant, elle réussit à se faire force pour répondre à sa question concernant le sacrifice humain.

"Bon. Ce n’est pas facile d’en parler pour moi…"

L’arrivée de ma maîtresse noya sa voix en un silence léger. Se sentant dévisagée, les joues de Naé s’obscurcirent, mais elle tenta néanmoins de répondre d’un ton qu’elle espérait naturel :

Tu peux me tutoyer, je suis désolée d’arriver comme cela à l’improviste. J’espère ne pas te déranger…

Lorsqu’on lui proposa de la nourriture, elle fit gentiment non de la tête, préférant se servir un second verre, remplissant celui-ci jusqu’à rabord, après tout, pourquoi se contenter de si peu de liquide lorsque l’on possède un si grand objet aux parois translucides. L’alcool aidant, elle commença alors à se livrer à ces trois nouveaux compagnons,

Ma mère n’est autre que la déesse de la lune. Il fut une époque où les hommes croyaient en elle et l’adulaient même par-delà le monde. Certains l’appelaient Séléné, d’autres la vénéraient sous la forme d’Artémis ou de Chandra. Ils tentaient ainsi de justifier et de percer le secret de l’existence de ce disque argenté surplombant les cieux aux côtés du soleil. Comme ce dernier, la lune a toujours été là pour les humains, ce qui leur a donc permit de créer des croyances autour de cet astre qui rassurait et inquiétait à la fois. Mais dès que l’homme réussit à se rapprocher de la lune, dès que la science prit le pas sur la religion, le pouvoir de ma mère s’amoindrit en même temps que le nombre de ses fervents diminuait. L’insurrection des Êtres célestes n’arrangea pas les choses, et nous perdîmes ainsi tour à tour nos fidèles et nos gardes serviles.

Ma mère m’enferma alors dans une cage, se sentant disparaître je crois qu’elle chercha à aspirer mon énergie afin de retrouver son immortalité déchirée par le triomphe des sciences et la victoire de la raison sur la fiction.

Elle ne réussit pas tout de suite, et c’est donc des enfants humains qu’elle demandait comme tribut aux peuples peu nombreux qui louaient encore son existence. Des fanatiques sauvages confondant religion et superstition. Les garçons ainsi sacrifiés lui permirent jusqu’à présent de survivre… Et je réussis moi-même, avec l’aide d’un enfant qui réussit à s’extraire de son sarcophage, à me sauver de l’emprise de ma mère. Je ne sais pas ce que ce dernier est devenu, il ne semble pas avoir réussi à quitter la lune… Il s’est sacrifié pour moi. Et moi, je l’ai juste abandonné là, sans me retourner, quittant seule la lune pour atterrir sur la Terre…

Sa gorge se serra lorsqu’elle prononça cette dernière phrase. Se trompant de verre c’est maintenant celui de Namashi qu’elle porta à sa bouche, le sien étant vide de sens et d’alcool.



En entendant Namashi parler de ses recherches la fille de lune interrogea ce dernier,



"Tu as dit "esprits célestes"? Que recherches tu exactement sur ces derniers ? N'es-tu pas toi même un ancien serviteur des divinités ?"

Elle se tue un instant, paraissait réfléchir elle finit par demander le plus naturellement du monde



" N'aimerais-tu pas en redevenir un ?"



C’est à ce moment-là que je me décidai à rentrer dans la cuisine, heureux de pouvoir montrer mes muscles saillants à ce petit comité réuni dans la chaleur d’une pièce.





Je me frottai aux jambes de Namashi que je n’appréciai que trop.

Après quelques caresses de ce dernier, je me dirigeai vers la demi-divinité, sentant son désarroi je me mis à lui lécher la main et les jambes, comme le ferait une mère avec ses nouveau-nés.

Un sourire se dessina enfin sur ses lèvres closes, et sa main fraiche vint flatter mon coup et gratter l’arrière de mes oreilles. On pouvait entendre un long ronronnement remplir la salle, répondant au rythme du cœur de la fille de lune.

Lysis tiqua à l’emploi du mot “territoire”, laissant sa cuillère à mi-chemin vers sa bouche, cillant plusieurs fois. Elle tenta néanmoins de ne rien laisser passer et engloutit sa bouchée de céréale. De toute façon, que répondre à ça ? Le manoir était à Namashi beaucoup plus qu’à elle dans tous les cas ! Ce dernier présenta d’ailleurs l’inconnue comme étant une dénommée Naé. Laissant échapper un petit sourire, la fillette lança après avoir avalé un :

“ Moi, c’est Lysis ! “

Néanmoins, quand l’inconnue continua de parler, la fillette, qui avait déjà reprit une bouchée, s’étouffa avec ses céréales, toussant vivement pour tenter de retrouver une respiration calme.

“ Sa… Sacrifiait ?! “

Douchka arriva à cet instant, mais Lysis tourna à peine la tête vers elle, les yeux restant exorbités suite à la mention du sacrifice, ignorant même complètement la mention du fait qu’elle était une enfant. De toute façon, son apparence la trahissait de nombreuses fois et elle-même n’était jamais très sûre de son âge...

A priori, Namashi aussi semblait avoir tilté sur la mention de sacrifice. Et si la nouvelle arrivante était hésitante sur le fait de parler, il semblait que la boisson que l’être céleste mettait dans l’armoire du “ça, pas touche, Lysis !” l’y aidait. La fillette fut silencieuse tout le long de l’explication, tentant de tout suivre bien que c’était quelque peu difficile à comprendre.

“ Mais du coup, tu es une déesse aussi si ta maman est une déesse ? Alors tu connais peut-être Hanyuu ! “

Bien évidemment, Hanyuu lui avait dit à de nombreuses reprises que toutes les divinités ne se connaissaient pas parfaitement bien, de même qu’elle-même était loin de toutes les connaître, mais la fillette n’y faisait qu’à peine attention. Si elle connaissait tous les autres Hunters, alors, pourquoi toutes les divinités ne se connaîtraient pas elles aussi ?

Pendant que Namashi et les autres discutaient ensemble Douchka s'était mise au fourneaux, elle entreprit de cuire ses raviolis polonais faits maison avec une patience mesurée, elle regarda l'eau bouillir et plongea ses préparations les regardant changer légèrement de teinte, un parfum de fromage envahissait peu à peu la cuisine. Elle sourit amusée en se disant que si Yo avait surgit lui aussi il serait pas passé à côté d'une occasion de manger ! En tout cas c'était toujours sympa de revoir le rockeur revenir un peu au manoir, la brune le fixait du coin de l'oeil discuter avec sa nouvelle amie, si ça pouvait lui permettre d'oublier un peu ses soucis de passer du temps avec ses amis c'était encore mieux. Surtout que la brune le trouvait assez tourmenté ces derniers temps, comme si Chinatsu lui manquait plus que jamais... L'époque où il revenait avec une fille différente chaque soir lui paraissait bien lointaine à présent, ressentait-il quelque chose à chaque fois qu'il couchait avec elles...? La polonaise en doutait fortement, en tout cas pas de l'amour ou quelque chose qui s'en rapprochait. Quant-à la petite Lysis elle avait déjà pas mal évolué avec le temps, elle avait du mal que cela commençait déjà à faire un petit moment qu'elle avait déposé ses valises à Tomodachi... Le temps passe tellement vite, elle égoutta ses raviolis et les remit dans un plat avec un filet d'huile d'olive du basilic et du gruyère râpé, elle regarda la bouteille de jus de pomme d'un air dépité puis la rangea et sortit une bouteille de bière ambrée à la place. Mais elle grimaça à la vue de la capsule, elle et les capsules de bouteilles de bière n'avaient jamais été copines la dernière fois qu'elle avait tenté d'en ouvrir une la pauvre bouteille trop secouée était partie en fontaine et avait manqué de s'éclater au sol... Heureusement Douchka avait utilisé une boule d'air pour retenir la bouteille dans sa chute... Elle posa la bouteille sur le plan de travail de la cuisine et rangea la casserole après l'avoir lavée et sortit une décapsuleur mais le tourna dans tous les sens. Sans s'en rendre compte elle s'en servit à l'envers sur la capsule de la bouteille et commença à perdre patience au bout d'une minute :

"Mais c'est qu'elle s'accroche cette salope de capsule de merde..."

Elle posa le décapsuleur sur le plan de travail agacée et prit une assiette de raviolis hors de question de se ridiculiser d'avantage... Elle décida de se focaliser sur la conversation, Naé était entrain de parler de son histoire, ainsi donc sa mère était une déesse et il fut un temps où les humains croyaient en son existence, mais au fil du récit Douchka prit conscience que cette époque était bel et bien révolue... La croyance des humains en différents dieux a progressivement chuté ces derniers temps, leur relation avec les dieux a même bien changé, mais ils n'ont pas oublié les mythes et légendes de ceux-ci ni leur existence... Ils pensent tout simplement qu'ils n'existent pas, tout comme la magie ou tout ce qui est lié aux pouvoirs magiques...

"Les humains les plus fermés d'esprit ne croient uniquement qu'en ce qu'ils veulent bien croire, ou même uniquement ce qu'ils voient et encore quand ils décident que ce qu'ils ont vu était réel..."

Elle prit sa bouteille de bière dont la capsule n'était même pas tordue et la reposa se rappelant qu'elle n'avait pas réussi à la dompter... Songeuse elle regarda Naé et Namashi :

"Les sacrifices qu'ils soient animal ou humains envers les dieux ne datent pas d'hier cependant ce n'est plus très bien accueillit de nos jours, mais je suppose que ta vie sur ton astre devait être très différente de celle d'ici, qu'est-ce qui t'a décidée à le quitter ?"

Namashi tiqua sur ce que venait de lui dire Naé. Redevenir un serviteur des dieux ? Jamais d'la vie ! Ça, il en avait la certitude ! Il se tourna alors vers la nouvelle arrivante, et dans un petit rire, lui répondit.

" Certainement pas... Si mon peuple devait se rebâtir, j'oserais espérer qu'il soit autonome, et que plus jamais ils ne soient les serviteurs de qui que ce soit, et encore moins des dieux !! Ne l'prends pas mal, sans les détester, je ne suis pas non plus un grand fan ! "

Évidemment, il ne fallait pas faire de généralité ! Comme son amie Hanyuu, en rien, il ne lui en voulait pas !!
Le Hunter avait écouté attentivement les explications de Naé sur ses origines, et les réponses de Lysis et Douchka.
Visiblement, les choses n'étaient pas simples pour elle.

" J'suis désolé pour l'histoire de ta mère... Mais il est difficile de blâmer les gens qui perdent la foi, que ce soient les êtres humains ou célestes, chacun ont leurs propres raisons de ne plus autant y croire. Et effectivement, l'avancée technologique, la science... Tout ça n'aide en rien ! "

Alors qu'elle semblait s'être résiliée à ouvrir sa canette au profit de ses raviolis, le Maître des éléments qui la vit revenir et dépité de ne pas réussir, prit l'incitative de lui ouvrir sa canette à l'aide de son briquet.
Lui posant devant elle, il reprit alors.

" Parce qu'avant les croyances nous poussaient à croire qu'un humain ou un animal ne valait rien comparé à un dieu, il était donc de bon coup de calmer la moindre colère divine par un sacrifice... Mais à cette heure-ci, les mentalités ont évolué, les choses sont différentes ! Et bien heureusement ! "

Namashi, malgré son avis tranché sur les divinités, appréciait tout de même l'instant qu'il était en train de partager avec les filles. Ces derniers jours étaient ultras chargées pour lui, et se détendre, discuter simplement... Voilà un luxe qu'il n'allait pas se priver, l'espace d'une soirée... Demain, il faudrait sûrement y retourner.

" Alors quoi, tu es venu ici dans le but de chercher des gamins à kidnapper et à sacrifier ? "

Évidemment en formulant cette demande, Namashi ne put retenir un petit rire. Il n'était pas sérieux et il espérait qu'elle ait un minimum d'humour.
Il revint toutefois sur l'étrange demande de la jeune femme, concernant l'éventuel souhait de l'Être Céleste à revenir aux services des dieux.

" D'ailleurs, qu'est-ce qui te fais croire que je souhaiterais être aux services des dieux ?... " Tout en répondant, le Hunter constata qu'il n'allait pas pouvoir faire une petite pause boisson, voyant son verre se faire dérober par la jeune femme. " Je suis effectivement un Être céleste... Actuellement, j'parcours mon monde, tout du moins... Ceux que je peux... À la recherche du moindre indice... De la moindre piste... "

Il marqua alors à nouveau un temps d'arrêt. Mais cette fois-ci, il profita de ce temps de pause pour prendre un nouveau verre et se servir à nouveau. Il porta son verre aux lèvres. Inutile de dire que ce verre-là, il ne comptait pas le poser sur la table !!

" Il y a une infime chance pour que mon peuple renaisse de ses cendres !.... Si cette piste existe réellement... Alors j'y consacrerai toute ma vie s'il le faut ! "

Cela faisait une éternité que Kyo n’était pas sorti en ville, mais bon en ce moment la vie au  manoir Hébi était plutôt morne depuis la disparition d’Haruki.
Et les Habitants restant passaient leurs temps à crier(entre le gamin de Zen et Haru’ qui pleure et Soruka et ses rires de malade mentale )ce qui avait pour don de rendre fou Kyo, lui qui aimait par-dessus tout le calme, surtout les lendemains de gueule de bois, soit tout les jours pour le samouraï.
Il décida donc de descendre en ville, faire un tour, s’aérer l’esprit, sans vraiment réfléchir ou aller, il laissa ses pieds le conduire, voguant dans ses pensées, naturellement, instinctivement dirai-je même il se retrouva devant la Taverne de Duchno, son lieu de beuverie, préféré, mais alors qu’il s'apprêtait à pousser la lourde porte en bois de type château fort,
Un chakra familier vin titiller ses sens.

*Cette énergie, c’est celle de Namashi!*

Il se retourna et aperçut au loin le Hunter sortir d’un petit boui-boui, que Kyo ne connaissait que trop bien, ils servaient des Rhums d’excellente qualité.

Namashi était accompagné d’une jeune femme qu’il n’avait jamais vu auparavant à Tomodachi.

*Une nouvelle? ils ne perdent pas de temps pour embaucher les Hunters.*

S’amusa le Hébi, et, sans trop savoir pourquoi, le Mibu se mit à les suivre de loin.

Ils sortirent de la ville et s'enfoncèrent dans la forêt.
Kyo restait à bonne distance pour ne pas se faire remarquer, il ne pouvait malheureusement pas entendre leur conversation,
Après quelque minute de marche, ils arrivèrent devant un grand manoir, ce que Kyo devina être le manoir Omura.

*mmmh voici donc le fameux manoir Omura*

Malgré toutes ses années à Tomodachi, il était vrai que Kyo n’avait jamais mis les pieds au manoir.
L’objet de sa filature rentra dans le manoir, le samouraï lui fit le tour du bâtiment histoire de trouver une entrée plus discrète,
c’est alors qu'à l'arrière de la bâtisse il remarque une petite fenêtre au ras du sol qui devait être la lucarne d’une cave, le samouraï s'accroupit au niveau de celle-ci pour regarder à l’intérieur, et là, quel ne fut pas sa surprise, le Mibu venait de découvrir l'équivalent d’un caverne d'Ali Baba pour lui.

Il se coucha au sol sur le dos et se faufila, pied en avant par la petite fenêtre, malgré ses années à picoler, le samouraï restait plutôt svelte ce qui lui permis de passer par la petite ouverture.

Le voici entré dans une immense cave voûtée, face à lui s'étendait une collection de bouteilles de vin proprement rangées, sur des étagére prévues à cet effet, Kyo pris la première bouteille qui vint.

"Château Margaux, hé ben on ne se prive de rien chez les Hunters”

En parlant de priver, le pauvre Mibu avait été justement privé de la superbe Cave du manoir Hébi, en effet Soruka avait vite remarqué que si il laissait le Mibu faire il n’y aurait vite plus une goutte de sa collection de grand cru.

Sans perdre de temps le samouraï brisa le goulot de la bouteille contre le bord d’un tonneau qui faisait office de table, tel un ogre qui gobe sa proie, il ne fit qu’une bouchée, enfin une gorgée devrai-je dire de la bouteille!

“délicieux!!”

s'écria t-il

“encore!”

à l’instar d’un fauve lâché dans l'arène, l’alcoolique est lâché dans la cave, et en moins de 15min le mibu avait vidé une bonne vingtaine de bouteille,et malgrés sa forte résistance à l’alcool, il commençait à tituber, et en tentant de chopper une nouvelle victime, il se vautra contre l'étagère qui contenait les précieux bouteille, faisant tomber celle-ci, contre une autre, tel des dominos qui tombent les un après les autres, la collection de bouteille de vin des Hunters était en train de voler en éclat dans un vacarme assourdissant.

“Meeeeerdeeeeeee…….hips”

Si le samouraï avait voulu être discret,
c’était raté.

Quand Naé s’était adressée à elle, Lysis s’était contentée de lancer joyeusement un :

“ Elle est déesse de la protection, mais c’est vrai que vu qu’elle est souvent pas avec les dieux, ça peut être normal qu’elle soit pas très très connue… ”

Elle continua alors à manger son bol de céréale, ne prêtant même pas attention aux gestes de la nouvelle du manoir : elle avait de toute façon son cahier de chimie à côté d’elle qui captivait toute son attention… Ou en tout cas au moins son regard, parce que le pouce levé qu’elle fit à Naé en l’entendant dire qu’elle voulait aider Namashi signifiait bien évidemment qu’elle suivait l’entièreté de la conversation beaucoup plus que son devoir ! Alors qu’ils quittèrent la pièce, sa curiosité fut néanmoins plus forte que sa mémoire, ainsi, le cahier finit oublié sur la table de la cuisine tandis que la fillette, avec son bol de céréales, bien entendu, se précipita pour suivre les autres. Elle n’aimait pas spécialement aller dans les caves, même celle du manoir, ainsi, elle resta tout de même à une certaine distance des deux autres. Comme pour justifier qu’elle suive les autres, elle se tourna vers Douchka criant pour lui faire passer le moindre message jusqu’à la pièce à côté :

“ J’crois qu’il y a un type dans la cave, mais j’crois que c’est normal. Mais faut faire gaffe à qui on laisse aller dans la cave !”

Néanmoins, la dernière réflexion de Naé réussit à faire sursauter la petite qui s’arrêta instantanément. Il pleut ? Elle manqua de faire tomber sa cuillère en tentant de glisser sa main derrière son oreille pour mieux entendre, mais évidemment, elle n’avait qu’une ouïe tout à fait normale…

“ Ah oui ! Juste ! Vous savez comment couper de l’eau pour faire de l’air ! ”

Évidemment, parler d’eau d’une façon ou d’une autre lui rappelait son devoir de chimie, alors, autant tenter de demander aux plus âgés de lui expliquer !