Fausse alerte (Aishu)

La seule raison de vivre de Lind était et resterait sûrement d'effrayer les honnêtes citoyens. Cela représentait la seule distraction qui existait dans un monde si fade. Cependant, quoiqu'il fasse ces derniers temps, soit les citoyens n'y faisait pas attention soit les combats qui se menait dans la ville l'attirait plus que lui. Il cherchait désespérément un endroit où il pourrait donner un grand coup.

Alors qu'il était dans ses recherches, il passât devant les portes de la ville. L'endroit d'où débarquaient tout les touristes et les personnes venant y habiter ou y travailler. De plus, le soleil était haut dans un ciel dégagé ce qui rendait la ville encore plus attirante et plus peuplée qu'à l'habituel. Une légère brise passait dans les rues ce qui rendait la chaleur assez supportable. Cette ville semblait être une utopie mais il ne s'agissait que d'une impression car Lind le savait malgré ses gamineries, la ville se gardait bien se montrer à découvert. Si la richesse était présente, la pauvreté aussi car l'on ne peut pas parler de classe aisée s'il n'y a rien en dessous pour la comparer. Ce fait donna quelques pulsions à Lind, il était bien décidé de montrer aux nouveaux venus que la ville n'était pas que richesse. De plus, ça serait une occasion de faire des blagues à d’autres personnes. Lind sortit d'une poche ce qui ressemblait à un magnétophone avec un léger sourire qui s'affichait sur son visage.

*Je me demande comment ils ré ... enfin ça sera toujours plus intéressant.*

Lind commença à grimper sur une petite plateforme au-dessus de l'entrée d'un petit magasin. Malgré ça, personne ne semblait faire très attention à lui. Il continua par des corniches jusqu'à atteindre un muret qui devait bien faire deux personnes de taille normale en hauteur. Il s'allongea sur le muret, appuya sur le bouton de mise en route de son appareil puis le laissa tomba du muret. Lorsque ce dernier atteignit le sol, des bruits réalistes de fusillades en sortirent ce qui eux pour effet premier d'amplifier le sourire de Lind.

"Je me demande si ça va les faire fuir ou les attirer ?"

Puis, Lind resta en haut de son muret en observant les réactions confuses des touristes et même des villageois. Il semblait fier de son oeuvre et s'en amusait beaucoup.

Il faisait chaud. Peut être même trop chaud. Heureusement, si le soleil brillait haut dans un ciel d’un bleu azur, un léger souffle parcourait les airs ce qui créait un climat tout à fait acceptable. Une cohue régnait à l’orée de la ville. Tous transpiraient de richesse et puaient l’orgueil. Enfin ça c’était la vision d’Aishu. Une vision altérée par des années d’errance et un esprit de contradiction très prononcé. Au milieu des passants, déambulait donc un humanoïde qui portait un long manteau noir, la capuche relevée sur son visage, et cela malgré la chaleur ambiante. N’écoutant plus son corps depuis quelques années déjà, elle ne se rendit même pas compte que son corps suffoquait sous cette masse de tissus. Malgré son apparence très différente, personne ne la remarqua vraiment, les seuls regards qui tombaient sur cet espèce de fantôme se détournaient rapidement, comme dérangés par la vue de cet androgyne qui contrastait avec l’apparente idyllique de cette ville. Pour autant, Aishu n’éprouvait pas (pour l’instant) le désir de s’enfuir, et la curiosité la poussa à entrer au sein même de la cité.

Ses plaies, pour certaines tout juste cicatrisées, frottaient avec une certaine violence contre la rugosité de ses habits défraichis, alors que la jeune fille marchait d’un pas décidé le long de boutiques qui devaient probablement apparaître comme jolies pour le commun des mortels. Elle s’arrêta un instant et se mit à observer ceux qui l’entouraient. Là encore ils paraissaient tous fortunés. N’y avait il donc que des bourgeois dans cette ville ? Ou alors cachait on les pauvres derrière certains de ces bâtiments ? Visiblement, dans cette ville on ne laissait pas les rejetés de la société s’exposer au grand jour, telle une gangrène intérieure qu’on cacherait tant bien que mal sous les apparences mais qui finirait bien par exploser au grand jour, tôt ou tard. Il fallait donc qu’elle essaie de les trouver ces entrepôts à misère, c’était dans ce genre d’endroit qu’Aishu se sentait le plus à l’aise.

Soudain, des détonations se firent entendre. Aishu se fondit aussi vite que possible dans l’obscurité d’un coin d’une boutique. Pas qu’elle ait vraiment peur des armes, ni même de la mort mais elle ne voulait en aucun cas participer dans un conflit qui n’était pas le sien. Les foules qui l’entouraient, elles, cédèrent à la panique, se cachant où elle pouvait. Pourtant, aucun corps ne tomba, aucune balle ne ricocha contre un mur. Passé l’instant de surprise, la jeune fille avança vers l’origine du bruit, longeant les murs telle une ombre. C’est là qu’elle découvrit, complètement abasourdie, un simple magnétophone. Ses yeux cherchèrent du regard qui avait déposé cet appareil. Elle trouva alors un peu au dessus de lui, une silhouette couchée, tapi dans l’ombre. Aishu s’approcha du muret et l’escalada avec son agilité habituelle, se retrouvant à quelques mètres du jeune homme. Elle ne dit rien, sa capuche était toujours relevée sur sa tête et elle se mit à observer le spectacle qui se dressait sous leurs pieds et qui prenait doucement fin.

Cette ville aux allures accueillantes était en train de montrer un tout autre visage. La terreur commençait à s'étendre rapidement. Il ne suffisait de presque rien pour rompre une tranquillité mensongère, en effet, la cité n'était pas si belle qu'elle en avait l'air pour deux raisons. Les deux étaient autant à craindre l'une et l'autre. L'une régnait dans les quartiers les plus sombres, l'autre, quant à elle, portait les noms de Devils ou de Gardiens selon les points de vue. Le pire était encore que personne n'avait vraiment l'air d'être prêt à passer à l'action dans la ville. Tous se contentaient de se cacher lorsque quelque chose venait perturber leur calme quotidien. La dernière expérience du petit farceur de la ville, Lind Baiko, en était la preuve directe.

En entendant son enregistrement, tous les citoyens étaient partis tel des rats qui vont se cacher dans leurs trous. Lind admirait discrètement son oeuvre. Il se considérait comme le révélateur de l'ombre qui plane sur cette ville. Les gens semblaient avoir tous été victime de sa blague. Il reposa la tête contre le muret pour ne pas être remarqué.

*Attendez que les ténèbres s'abattent ici avant de fuir sans raison.*

Il restait tel une ombre sur la pierre en attendant le moment propice pour récupérer l'objet de sa blague. En effet, il était juste une ombre qui s'était temporairement échappé des Bas Quartiers, avec l'envie de lever le voile de Tomodachi. Soudain, il se retrouva face à une autre ombre. En effet, si Lind avait vu clairement le peuple s'enfuir, il ne percevait pas facilement l'étrange être qui se retrouvait face à lui. D'abord, il ne voyait que la silhouette découpée par le soleil, et cette personne semblait encapuchonnée.

*Tu as eu un sacré courage de venir ici ... et aussi une certaine habilité. Je ne m'attendais pas à ce genre de réaction mais bon je suppose que t'es différent d'eux.*

La personne ne semblait pas très bavarde ou alors, elle aussi observait leurs réactions pathétiques. Sa position l'empêchait de voir d'où était venue la fille et si elle avait mis la main sur le magnétophone. N'étant pas sûr de ses intentions en le rejoignant, Lind pris la décision de ne pas se dénoncer trop rapidement.

"Toi aussi, tu as été surpris par cette fusillade. J'ai pas trouvé d'endroit plus sûr pour me cacher."

Il prononça ces derniers mots an affichant un semblant de sourire. Lind prenait quelques dispositions, après tout, lui semblaient plus à découvert que l'inconnu même étant caché. Il attendit la réponse de l'inconnu avant de laisser paraître qu'il se mettait sur la défensive.

L’ombre respectait son statut de spectre, et restait donc silencieuse. Elle observait. C’était un des traits de son caractère, elle aimait analyser des scènes de vie, et plus elles étaient pathétiques, plus elle les appréciait. Non loin d’être sadique, Aishu était rassurée de constater qu’elle était différente d’Eux. Même si elle ne pouvait que constater, que ces disparités étaient menues. En effet, même si tous les êtres humains ne formaient pas une entité totalement homogène, ils étaient plus ou moins tous pareils avec quelques subtilités complètement futiles. Par exemple, tout à l’heure, elle aussi quand elle avait entendu les détonations s’était protégée. Sauf que contrairement à Eux, passé l’instant de surprise elle avait réfléchi, elle s’était obligée à utiliser ses quelques neurones, à ne pas répondre à l’instinct de survie qui semblait les animer et ne s’était pas transformé en une espèce de rongeur apeuré. Quoi que, elle supposait que ça ne les changeait pas trop, Eux qui avait l’habitude de suivre les autres tels des moutons.

Le spectacle commençait à la lasser. Comme tout d’ailleurs, la jeune fille n’était en aucun cas constante dans ses idées et elle s’ennuyait de tout. Elle reporta alors l’attention à celui qui se tenait non loin d’elle et qui était probablement l’auteur de cette mascarade. Il semblait jeune, sans doute un peu plus âgé qu’elle, ses vêtements étaient déchirés et il contrastait avec les autres individus de cette ville. Il ne devait donc pas appartenir au beau monde qu’elle avait vu précédemment, ce qui confirma son hypothèse comme quoi cette richesse exhibée n’était là que pour cacher une certaine misère. Pour autant, l’inconnu aux cheveux bleus ne semblait pas malade et il n’inspirait en aucun cas la pitié (de toute façon le cœur d’Aishu était exempté de ce sentiment). Mais ce qui attirait vraiment l’attention dans l’apparence du garçon c’était ses yeux : ses pupilles étaient comme traversées par une croix blanche.

Cette particularité n’étonna que très passablement Aishu et de toute façon, rien ne laissait paraître ses sentiments, son regard noir se fondant presque à la perfection dans l’ombre de sa capuche. Elle se demanda alors dans quel but l’inconnu avait il mimé le bruit d’une fusillade. Afin de faire fuir les foules ? Quel intérêt pouvait il tirer de cet affolement général ? Etait ce dans le but de faire diversion pendant que quelque chose de plus important se déroulait ? L’idée qu’il voulait juste s’amuser ne lui traversa même pas l’esprit, elle se décida donc à se tenir sur ses gardes dans l’éventualité qu’il appartienne à un groupe organisé. Soudain, il rompit le silence.

Ainsi il était sur ses gardes et il la croyait assez idiote pour ne pas avoir fais le rapprochement entre le magnétophone et lui qui était placé exactement à la verticale du dit objet. Aishu hésita à faire semblant de le croire (en paraissant stupide les gens se méfiez moins de vous et vous aviez tout à y gagner) ou alors à lui faire comprendre qu’elle savait que ce n’était qu’une blague, ce qui lui apporterait une certaine satisfaction mais ce qui conduirait à une prise de risque inutile. Elle choisit une solution entre les deux et dit d’une voix aussi androgyne qu’elle :

« Personnellement, j’admire juste le spectacle. »

Le jeune blagueur était surpris qu'une personne admire ce qu'il avait fait. Une chose était sûre : cette personne ne faisait pas partie des classes élevées. En effet, si c'était le cas, comme les autres elle se serait enfuie. De plus, d'après ses paroles, cette ombre n'était pas montée sur le mur pour fuir mais pour admirer l'oeuvre de Lind. Ce fait le surpris un peu mais quelque chose d'autre le faisait sourire, il laissait paraître un léger sourire qui découvrait des canines plus aiguisées que la normale. De plus, la voix de cette personne était bizarre mais bon tout était étrange chez elle.

Quoiqu'elle prétendait, si elle avait mis du temps à monter, cela voulait dire qu'elle avait certainement eu peur un moment car il n'avait remarqué personne à la recherche d'un quelconque dispositif. A moins qu'il l'ait réellement confondu avec une tache sombre mais le soleil l'aurait dévoilée.

*Qui es-tu ? Je ne peux même pas dire si t'es une fille ou un garçon.*

Lind fixa les fenêtres des maisons, son sourire en devint quasiment sadique comme si le plus amusant n'était pas encore venu. En effet, des ombres commençaient à apparaître derrière les vitres. Lind se remit à parler mais cette fois, il ne semblait pas s'adresser particulièrement à la personne qui l'avait rejoint. Enfin, cela devait quand même être un peu pour elle car il s'agit plus d'une pensée dite à voix haute.

"Le vrai spectacle ne fait que commencé. Le blagueur qui a fait ça doit beaucoup s'amuser."

Malgré le fait qu'il niait encore ses actes, Lind s'était un peu dévoilé dans sa première phrase mais il ne semblait pas y portait une grande attention. Il continuait de fixer les habitations, quelques personnes commençaient à montrer le bout de leur nez. Celles-ci réagissaient comme s'il ne s'était rien passé. Lind, du haut de son mur semblait l'avoir prévu. L'ombre de l'inconnu s'étendait au delà du visage du blagueur, même pour Lind le soleil était un fardeau. Ainsi, il commença à apprécier, également, sa présence. Après avoir compris qu'elle aussi s'amusait, il eut un envie immense de lui posait ce qui pourrait être la question de trop.

"Que penses-tu d'eux maintenant ?"

*Les trouves-tu aussi pathétiques que je le pense ?*

Son intérêt pour cette personne gagnait à chaque seconde ce qui le rendait presque imprudent. Cependant, elle l'amusait presque autant que les civils.

Malgré sa retenue vis à vis des autres et de ses sentiments, Aishu devait admettre qu'elle était relativement surprise du silence de son interlocuteur. S'il n'avait fais que se cacher, comme il le prétendait, n'aurait il pas du être offusqué que quelqu'un apprécie ce qui au premier regard semblait être une fusillade ? Et si, chose plus probable, il était à l'origine de la panique qui avait gagné les habitants de Tomodachi, ne se serait il pas en toute logique vanter d'être l'auteur de cette magnifique comédie humaine ? A moins qu'il ne l'ait organisé que dans le but de faire diversion afin de permettre à d'éventuels complices de commettre un crime d'une toute autre envergure... La jeune fille observait le plus discrètement possible celui qui se tenait à côté d'elle, tentant de comprendre ses intentions.

Pourtant, ce n'était pas dans ses habitudes. Elle, elle faisait normalement preuve d'un égocentrisme peu commun, n'ayant jamais vraiment eu l'occasion (ni l'envie) de penser à un autre individu qu'elle même. Mais, lui, l'intriguait. Pas qu'elle soit vraiment intéressée par le personnage, c'était plutôt son instinct de survie qui lui dictait de faire attention au jeune homme à cheveux bleus. L'ombre ne voulait en aucun cas se retrouver au milieu d'un conflit qui serait trop grand pour elle. Elle adorait combattre, et même si elle préférait lutter contre son propre corps, elle tirait une certaine jouissance dans toute forme de lutte, pour autant, elle ne supportait pas d'être forcée à faire quoi que ce soit et c'est ce qui pourrait potentiellement arriver si le garçon faisait parti d'un clan quelconque. De nouveau, il prit la parole.

*Le vrai blagueur ?*

Aishu ne pu réprimer un sourire invisible. Ainsi, c'était juste un jeu. Elle ne remarqua même pas qu'il n'avouait pas explicitement être à l'origine de cette mascarade. Pour elle, c'était tout simplement évident. Déjà, il avouait prendre plaisir à voir ses compatriotes s'affoler, et deuxièmement, il avait exposé son unique dessein : rire de la bêtise humaine. Suite à la prise de parole de celui qui ne l'inquiétait plus à présent, son regard se reporta sur les habitations où l'on distinguait, avec difficultés, les civils terrorisés mais aussi sur le sol. Et là, elle aperçut quelques bipèdes qui agissaient comme si rien ne s'était passé : la ville travaillait à reconstruire son masque de fausse quiétude. C'est ce moment que choisit le blagueur pour lui demander ce qu'elle pensait d'eux maintenant.

Croyait il vraiment que de dévoiler les peurs de pauvres humains attachés aux apparences pouvait changer le regard qu'elle portait sur eux ? Enfin... toujours aussi peu bavarde elle ne se décida pas à le lui faire remarquer. Elle ne jugea pour autant pas utile d'être hypocrite et de dévoiler sa misanthropie. Le petit être encapuchonné se contenta de s'exposer aux rayons d'un soleil aveuglant durant quelques secondes et de lui lancer un énigmatique sourire. Puis, elle tourna de nouveau la tête. Aishu était relativement déçue, le spectacle prenait fin et cela la navrait même si il n'y avait plus grand chose à tirer de ces acteurs involontaires.

*Bon, mon rôle de public passif a assez duré, si je visitais un peu cette ville ?*

La silhouette s'avança donc vers le rebord et sauta dans le vide d'un bond des plus graciles. Elle percuta le sol tout aussi souplement et se mit à marcher avec légèreté comme si de rien n'était. L'ébauche de féminité ne savait pas vraiment où elle allait, mais le désir de s'oublier commençait à se faire douloureusement sentir. Avant, elle voulait passer dans les coins sombres de cette ville, s'ils existaient. Mais où Tomodachi cachait elle sa misère ? Certainement dans un endroit relativement loin d'ici, il serait indécent que les touristes ou les nouveaux habitants découvrent ce qui existait dans les entrailles de chaque cité. Elle ne pu réprimer un regard en arrière, pour voir si on la suivait.

» Aishu'