My.R.A

Rien n'avait changé. Rien ou presque. Ici tout était exactement comme l'image qui volait dans ma tête depuis plusieurs mois. Je ne pouvais nier que mon retour à Tomodachi ne signifiait rien pour moi. Au fond de mon coeur, un pincement persistait. Je savais que personne, pas même les gens que j'avais connus, ne se doutaient que j'étais là aujourd'hui au beau milieu de cette place vide. Le ciel, gris, menaçait de me punir par un ravage de gouttelettes. Ma tenue, loin d'être adapatée à un orage, allait me rendre malade, et encore plus méconnaissable que maintenant. J'étais consciente d'avoir changée, consciente qu'ici mon rôle n'était plus celui que j'avais cru avoir à un moment. De manière générale, j'avais toujours ignorée ce que j'étais censé faire ici bas. Si j'avais su qu'il fallait juste que j'analyse mon s*** de prénom, je ne serais sans doute autre part à l'heure qu'il était. Mais rien ne servait moins que de me lamenter sur mon sort. Je devrais prendre mon job plus au sérieux même si j'ignorais encore ce qu'il sous entendait pour moi (ce qui était bien le problème). Je tournais alors dans une rue paralléle à la mienne, grande, sombre et nauséabonde. En plus d'être visiblement peu fréquentée, cette rue semblait mettre prédestinée. D'un certain coté elle représentait bien tout ce qu'il se passait en moi. J'étais tiraillée entre eux, les autres et moi. Comment pourrais-je assumer un tel rôle sans jamais le montrer au grand jour? Comment pourrais-je leur cacher ?
En relevant la tête alors je percutai un homme.

"Cela ne vous arrive donc jamais de regarder ou vous mettez vos pieds ?"

Pattes, serait plus exacte, ne contentai-je de penser avant de m'excuser en baissant la tête.

"Veuillez m'excuser Monsieur. Rien n'était moins volontaire que ce geste "

Visiblement surpris, il resta coi, hocha les épaules et poursuivit sa route. Une fois dans mon dos je tendis ma main dans sa direction et lui ôtait les dernières secondes de sa mémoire. Il ne fallait pas qu'Ils soient au courant. Personne de leur camp ne devait savoir que je me baladais librement dans cette ville. Mais il y avait des personnes sur lesquelles je ne pourrais pas utiliser mon nouveau don. Pas parce que je ne pouvais pas, seulement parce que je ne pourrais pas. Pas contre eux.
Je relevai la tête. Le passage vers leur monde pouvait-être partout, leurs serviteurs aussi par la même occasion. Des voix retentirent dans mon dos. Des passants, de simples passant qui se baladaient, il ne fallait pas que j'y prete tant d'attention. A l'angle de ma fameuse rue sinistre, se trouvait une sorte de vieille librairie à moitié rongée par le temps. En poussant la porte d'entrée, le bruit d'une clochette vint annoncer mon arrivée.
Derrière un comptoir de bois, un monsieur d'un certain âge était absorbé par la lecture d'un livre du nom de "Arts grecs et Mythologie ancienne". Jamais je n'aurais pu me douter que cette boutique renfermerait l'objet de mes désirs. Je me raclais volontairement la gorge pour attirer l'attention. L'homme leva la tête, et derrière ses lunettes en demi-lune, me regarda d'un air méfiant.

"Excusez moi Monsieur, mais je voudrais savoir si vous avez en rayon un livre sur les métamorphoses anciennes ?"

Il me dévisagea de nouveau, et s'éclaircit la voix d'un bruit rauque

"Mademoiselle, vous avez frappé à la bonne porte."

Son visage se fendit en un sourire qui me parut sincére. Il semblait exprimer la joie qu'il avait de voir une vrai cliente dans sa boutique, pas une de ses personnes qui venaient pour estimer l'âge du magasin, ou l'ancienneté des livres. Bien que visiblement peu habitué à avoir de la visite, il semblait jovial et fort sympatique

"Je doute que vous ayez pu trouver un livre qui vous convienne dans ces autres petites boutiques."

Comme convenu, il avait un hantise profonde pour les librairies modernes

"Voyez vous Mamzelle, les livres ont une âme, un passé, et seules les libraires dites authentiques peuvent vous servir, et vous aider dans leurs découvertes. Je ne sous entend pas par là, que ma boutique fait partie de cette catégorie, mais j'ai ce qu'il vous faut"

La désertion de son magasin ne l'avait pas rendu modeste. Je me contentais de sourire.

"Suivez-moi"

Il me conduit à l'arrière du magasin, tout sourire. Nous descendîmes quelques marches avant que la sous-boutique s'offre à nous. Les livres étaient entassés de toutes parts et certains mêmes manquaient de s'écraser devant nous sur notre passage. Je me serais cru chez un ermite du livre, un passionné, un fou, qui trouvait de la compagnie dans les histoires qu'il lisait. Au fond, je savais que je regretterais de lui ôter sa mémoire mais de toute façon cela serait comme si rien n'avait changé dans sa paisible et monotone existence. Il me sortit un livre poussiéreux, grand et dont les bordures étaient légérement dorées. Il me le tendit

"Il est écrit en grande majorité en latin, mais tout est traduit normalement. Je le tiens du mon grand-père qui le tenait lui même du sien. Je vous en fait cadeau"

L'étonnement me fit renverser une pile de livre à ma droite qu'il rattrapa d'un geste de la main

"Je crains de ne pouvoir accepter votre offre Monsieur. Ce livre, je dois vous le payer. Je n'ai en aucun cas le droit de m'emparer d'une propriété de votre famille sans y mettre le prix. C'est le minimum enviable."

Il sourit, et me l'appliqua de force dans les bras

"Personne à part vous, ne mérite ce livre Myla..."

Tout devint trouble, sombre et silencieux. En moins de deux secondes je me retrouvai devant la porte de la boutique, les fesses au sol, et le livre ouvert prés de moi. Une pancarte portait des inscriptions en rouge. Comme par hasard, le marchand avait scellé sa boutique, et même si je l'avais voulu rien ne m'aurait permis de l'ouvrir. On ne rentrait pas de force dans une boutique sans raison valable. D'autant qu'un doute persistait. Au fond de moi, j'étais consciente que rien de tout cela n'avait pu se produire. Ce n'était qu'un mauvais tour de ma conscience qui se répétait après mes sorts d'Effacement. Je perdais la raison, et m'évanouissais souvent après avoir utilisé mon don ce n'était pas une nouveauté. Cette porte close n'avait fait qu'accélerer mes visions, et m'avait obligé à des songes que j'avais espérer en arrivant ici. Seule un détail ne tournait pas rond. Comment ce livre avait pu attérir près de moi, si j'avais uniquement imaginé tout cela? Je m'infligeai un violent coup sur les tempes pour remettre mes esprit en ordre. Quand je regardais de nouveau près de moi, le bouquin avait disparu.
Je me relevai tant bien que mal et ajustai les boutons de mon chemisier qui s'étaient défait par on ne sait quel miracle. Il fallait que je trouve un endroit pour m'asseoir. Mes idées allaient être plus dures à retrouver aujourd'hui.

Étrangement Myra se sentait suivie, cette présente se ressentait pas a un bruit de pas mais à une aura malveillante... Quand Myra se retourna pour voir ce qui la suivait elle pu voir une jeune homme d'environ 20 ans, celui ci lisait un livre intitulé "Magna metamorphosa"...
Le jeune homme invita Myra à s'asseoir sur le banc qui venait d'apparaitre...

"-Bonjour mademoiselle, quel livre intéressant vous avez là, mais pourquoi le laisser trainer parterre."

Les yeux du garçon semblaient familiers à Myra, le mauve intense de ceux ci semblaient avoir hanté quelques uns de ses plus mauvais souvenirs...

Soudainement je ne sentais suivie, oppressée, comme si quelqu'un faisait tout son possible pour me procurer de la peur. J'y étais pour le moins habituée. Ils m'avaient infligés des sorts bien pire que l'oppression, et même si celle que je ressentais n'avait rien de comparable, j'essayai tout d'abord de ne pas y prêter attention. Mes mains m'aidèrent à me remettre debout, et ma main en visière j'analysais les recoins de la rue comme à la recherche d'une proie. A moitié perdue dans mes songes, j'entendis très distinctement la voix. Elle me rappelait très peu de chose, sûrement parce que je ne l'avais sans doute j'avais rencontré. Je pivotai. L'homme, aux yeux d'un violet intense, s'était contenté de m'inviter à m'asseoir près de lui sur un banc mystérieusement apparu. Ma conscience me jouait décidément des tours ces derniers temps. J'étais capable de savoir où venait le danger, je le connaissais par instinct, je savais reconnaître le bon du mauvais, comme l'avarié du comestible, seulement, lui, sur son banc, ne me rappelait rien de très bon comme rien de très mauvais. Ce qui n'était absolument pas une bonne chose.
Il était grand, musclé, et avait un air plutôt démoniaque. La couleur de ses yeux rappelait celle des endroits néfastes de Leurs mondes. Il avait la carrure d'un sportif, et à en croire ses molets, devait être très doué pour les courses-poursuites. En théorie, je n'aurais donc aucune chance à son égard s'il me fallait fuir. Deux possibilités s'offraient à moi. Soit je niai son coté mystérieux ce qui revenais au même que renoncer à mes capacités de métamorphes, soit je me faisais consciente du risque sans pour autant paraître effrayée (ce qui entre moi et moi-même allait quand même être plutôt difficile). J'inspirai un grand coup.

"Bonjour Monsieur..."

J'étais ridicule, tout simplement, et tout bonnement ridicule. Le pire c'est que je le savais. Déja qu'il semblait m'envisager comme une ennemie potentielle, il allait en plus me prendre pour une adversaire faible et dépourvue d'esprit...

"Un livre vous-dites ? Mais de quel livre parl....."

Stop... Arrêt sur image. Cela ne pouvait pas être Ce livre. Ce livre qui venait de disparaitre de ma vue quelques secondes plus tôt... A moins qu'il s'en soit emparé alors que je ne regardais pas. Frustrée, je tendis ma main dans la direction du bouquin

"Veuillez me rendre ceci s'il vous plait..."

Telle une gamine pleurnicharde je me précipitais sur le livre, et en un geste il fut coincé entre mes bras...

Le dieu de la haine eu un léger rictus, le livre était revenu à sa propriétaire, il commençait à se poser des questions, déjà pourquoi n'avait il pas accès aux pensées de Myra, enfin que par bribes comme ci celle si savait maîtriser le flot de ses pensées... Avait elle apris a vider son esprit durant ses années d'absence? Cela semblait plus que probable, d'autant que c'était l'un des prérequis annoncés pour être capable de maîtriser les techniques de métamorphose parfaitement...

"-Ne vous inquiétez pas ma chère je comptais vous le rendre au plus vite, c'est que j'ai déjà eu l'occasion de connaitre celui qui l'a écrit il y a quelques siècles, mais je vous conseils de retourner voir celui qui vous à donné ce livre, pour récupérer la dernière page de ce bouquin, enfin c'est un conseil pas un ordre faites comme bon vous semble, au fait vous êtes bien Myra? Moi c'est KéhéSsu je crois qu'on s'est déjà rencontré par le passé ^^."

Au fur et à mesure de chacune des ses paroles le dieu démon émettait une aura de plus en plus apaisante, comme si tous ce qu'il émettait jusqu'alors commençait à disparaître, étrangement le nombre des personnes qui passaient dans la ruelle semblait diminuer, d'ailleurs il n'y avait plus que Myra et le jeune homme dans la rue...

L'homme m'effrayait. Plus que je n'aurais pu le croire. Et même si j'étais consciente d'être la légitime propriétaire du livre j'avais un doute sur son contenu. Comme avait-il fait pour sonder les quelques pages sans pour autant l'ouvrir? Je resserai mon étrainte

"Il y a des siècles dites-vous... Mais ? Depuis combien de temps avez-vous l'age que vous avez dans ce cas ? "

L'embrouille que provoquait mes paroles, loin d'être volontaire, me servait d'atout, et de pouvoir utilisable. Je me reculai de quelques pas tout en essayant de garder mon esprit parfaitement vide, et perméable aux moindres chocs mental qu'il aurait pu m'envoyer. Après un long moment de silence, j'ouvris le livre directement à la fin. L'ultime page avait été arrachée. Qui donc avait voulu me priver de son contenu? Eux? Impossible, ils ignoraient (normalement) que j'étais là.
L'esprit perspicace de ce personnage me donnait la chaire de poule. Comment ? Comment avait-il pu? Je conservais encore plus mes distances

"Je doute, que cette page ait autant d'importance que ce que vous semblez lui donner. Les dernières pages des livres n'ont jamais une importance majeure."

Règle numero un: Garder son calme en toute circonstance. Le mieux était encore de paraître idiote, on attirait moins les soupçons. Alors que j'essayais de calmer pleinement mes esprits (et que l'atmosphère le permettait) il prononça mon nom. De façon latine certes, mais mon nom quand même. Comment savait-il ? Je fouillais alors dans mes poches, regardais derrière mon dos, pour voir si mon nom ne figurait pas par hasard dans les environs. Réalisant cependant que mon geste etait completement dépourvu de sens, je fixais l'homme d'un regard noir.

"Vous êtes l'un d'entre eux... Vous êtes encore à ma poursuite? Mais êtes-vous donc tous aussi stupide ? On vous donne un ordre vous excutez? Ça vous amuse ? "

Je respirai fort. ILS n'aimaient pas se faire démasquer. Généralement une course poursuite s'entamait dans la minute. Je fis quelques pas supplémentaire en arrière, plaquai mes deux mains en croix sur mon torse, et commençai à citer le rituel dans ma tête. Peu à peu le renard se manifestait entre lui et moi.

"KAGUTSUCHI !"

L'animal de flammes brilla alors sous mes yeux, mais restait invisible aux siens. Mes dons de métamorphe ne cessaient donc plus d'augmenter.... Ma barrière de défense était enfin active.

KalimShaar écoutait la métamorphe, il sentait la panique l'envahir, puis disparaitre son esprit commençait à se troubler, mais il restait impénetrable...
Puis elle l'accusa d'être le sbire d'un groupe, il manqua exploser de rire, mais se retint jusqu'au moment ou elle utilisa un sortilège qu'il n'avait vu qu'une seul fois dans sa vie, mais pas aussi bien réalisé...
le renard de feu s'attaqua au jeune homme qui disparut au moment où il aurait du y avoir un impact... Myra senti quelque chose lui tapoter le dos.

"- vous voulez savoir depuis combien de temps j'ai mon age où alors depuis combien de temps j'ai cette apparence? En tous cas je ne suis pas là pour vous nuire mais seulement pour m'amuser, et de ce point de vue vous m'avez largement satisfait ma chère shinigami... "

KalimShaar avait l'air impassible, son calme était perturbant d'autant que des nuages apparaissaient dans son regard, comme si dans ses yeux un ciel se refflettait et qu'il allait y avoir un orage... Mais aucune aura n'émanait de lui à ce moment.

Mon renard de feu avait agit comme bouclier beaucoup plus longtemps qu'auparavant, comme si l'instinct de survie qui circulait dans mes veines donnait de la puissance à mes attaques. Il était là devant moi, stoïque, à réagir aux moindres battements de cils de l'individu. Si bien que quand il bougea de trop, l'animal se précipita sur lui sans crier gare. Mais étrangement il disparut, et je ne ressentis plus rien, même pas une infime douleur, rien, le néant. Je me figeais. On me tapa l'épaule. Je pivotai en un bond, mes mains toujours collées sur mon torse

"Vous ! Comment avez..."

Il prononça le mot de trop. Le mot que continuaient à dire les personnes qui m'avaient oubliées, laissées tomber, qui m'avaient fait perdre tout. Elles, je les maudissais. Je les maudissais pour m'avoir tout bonnement, et tout simplement laissé dans la merde. Il n'y avait pas d'autre mot. Je reculai furieuse

"J'ignore qui était cette shinigamie que vous semblez si bien connaitre. Cette partie de moi est morte depuis bien longtemps."

Il était même possible qu'elle n'ait jamais, oh grand jamais, existé dans ma petite vie. Je croisais les bras tout en décidant que je ne devrais rien lui reveler de celle que j'étais devenue, de celle que j'étais. Il m'avait connu, et c'était pour moi un des plus grands risques que je pouvais rencontrer. Il faudrait au plus vite que j'efface ses dernières pensées, sinon ce serait la catastrophe

"En réalité je me contre-fous de l'age que vous pouvez avoir. Vous l'avez connu "elle", alors je ne dois pas vous connaitre vous..."

"Elle" était un passé, un passé bien fini completement et définitivement oublié. Rien ne pourrait désormais m'y faire revenir... Rien.
Je tendis alors une de mes mains derrières mon dos. Une sorte de filin blanc y apparu. Cela ne représentait rien d'autre qu'une partie des évenements que je venais de voir, et de vivre, que j'évacuais de mon cerveau, histoire que cela ne se sache pas. Cette mémoire, aussi appelée "mémoire visuelle" servait souvent à mes ennemis, et c'était la seule partie de mon esprit qu'il pouvait désormais atteindre. Et mon sort était une protection supplémentaire à celle que j'étais. Le filin quitta le contact de ma main et disparut dés-lors.

KalimShaar eu l'air amusé. il regarda le spectacle, mais se coup ci Myra ne pu vraiment garder son esprit vide de pensées...

"-Oh donc elle était toi mais elle n'est plus? Et bien, sans doutes une ennemie de moins et un de plus en même temps c'est assez comique. en tous cas ta danse au dieu du feu était magnifique, ahhh ce Kagustuchi un vieil ami... Au fait tu ne pourras pas me retirer la mémoire, elle n'est pas facile à pénétrer la mémoire des dieux... Je ne dirais pas a tes anciennes amies les gardiennes que tu es de retours ne te fais pas de soucis là dessus..."

Le dieu embrassa Myra sans que celle ci ne puisse le repousser ni rien, puis quand elle réussi à le faire il avait disparu...

**Bienvenue à Tomodachi ma belle, à une prochaine et ne te crois pas débarrassée de moi, maintenant que j'ai pu pénétrer ton esprit je serais devant toi dès que je le voudrais...**

Quand cette pensé se dissipa, les sensations du baisé commencèrent, il avait en fait aspiré une partie de son énergie vitale, elle réalisa qu'elle était à genoux par terre vidée...

Cet affront dans ma propre tête vivait comme la plus grand menace que je n'avais jamais eue. Il avait réussit à pénétrer mon cerveau, alors que personne avant lui n'avait réussit à le faire. Mentalement et physiquement, pour moi c'était une défaite. Grande et lourde. Comment mes atouts de métamorphe avaient pu être si facilement bernés ? Il était dangereux, et en connaissait beaucoup trop sur moi. Même si j'ignorais encore l'étendue de ses capacités, s'il perdait, c'est moi qui allait être retrouvée et chatiée au plus vite. Comme prévu, et de façon habituelle j'étais de nouveau belle et bien dans la m****.

Une brise vint parcourir mon visage bien trop tard, le mal avait déja été fait. Il venait de poser ses grosses lévres sur les miennes sans plus d'explication. Ecoeurée je fermai les yeux et me crispai autant que possible. Mes mains ne parvenaient même pas à écarter son torse d'athlète du mien. J'étais étouffée, prise au piége. Illuminée, alors, je tournais vivement la tête sur le coté, me dégageant de ce baiser que je n'avais pas voulu, et me projetai moi-même en arrière pour m'éloigner de ce monstre. Une fois en position d'attaque et mon renard de feu remis en place, je m'aperçus, trop tard, qu'il avait disparu. Avant même que j'ai pu faire un geste, ou même une petite réaction, mes jambes devinrent incroyablement lourdes et impossible à soulever. Je m'écroulai au sol dans un bruit sourd...
J'entendis distinctement sa voix dans ma tête sans pour autant en comprendre le sens, et fus tentée de fermer les yeux. A l'intérieur de moi, c'était comme si tout avait fuit, comme si mon corps, vide, se demandait ce que je faisais là, comme si le moindre espoir s'était envolé. Je me sentais finie, perdue, humiliée. Des larmes tentèrent de perler sur mes joues, je les retint difficilement. Depuis toutes ses années, j'avais essayé de changer, essayé de devenir plus forte, essayé de ne plus pleurer pour des sornettes. J'avais changé pour ça. J'avais évoluée, progressée pour la unique et bonne raison que j'étais une Alpha désormais et que je n'avais plus le droit de perdre et d'être faible. Aucune de mes faiblesses ne devaient apparaître au grand jour, aucune.

J'essayai de me relever alors. Même lourdes, mes jambes devaient s'en sortir. Je n'avais pas suivi Cet entraînement pour tout perdre là, au beau milieu de ma stupide rue délabrée. On m'avait formée pour être forte, dure et cruelle. J'étais consciente, que malgré leurs dur effort ils n'avaient pas réussi à me rendre semblables à leurs autres robots. Ils m'avaient donné beaucoup, mais eux ne recevraient rien de moi, j'empècherais cet affront. Mon renard, aux doux yeux paisibles me fixait. Il m'avais tant donné, je ne pouvais pas baisser les bras si vite. Je ne pouvais pas !

"Du nerf, Myla, du nerf ! "

Ma volonté agit alors sur mes jambes comme par magie. Elles devinrent aussi maléables que du beurre, et je fus debout en moins de deux. Kagutsuchi m'observait toujours et semblait fier de mes pensées, qu'il était le seul (du moins je le croyais) à entendre. Sachant que j'étais la seule à le voir, il vint se poster à ma droite et resta silencieux comme à son habitude.

"Ne t'en fais pas, Kag, je le retrouverais. Je le trouverais même si je dois y laisser ma vie. "

Une Alpha ne devait pas abandonner. Jamais. L'animal, compréhensif ne broncha pas. Ses oreilles alors se penchèrent en arrière. Je le connaissais que trop bien. Il m'informait du danger. Il fit un geste du museau vers la ruelle sur ma droite, et en la fixant j'aperçus cette silhouette aux cheveux blancs qui nous guettait discrètement

(et c'est repartit... Dans mes bras ma Al) ^^


Je la fixais. Longuement, et avec plein de souffrance je regardais celle qui avait été une des principales causes de ma douleur. Elle m'avait parfaitement ignoré, et ses actions m'avaient emmenée à devenir celle que j'étais. Non pas que j'en sois déçue... au contraire ! J'étais maintenant sure de pouvoir lui tenir tête, aussi bien par l'esprit que sur la force physique. Je lisais en elle comme dans un livre ouvert. Je la connaissais tellement bien, tellement bien que j'en connaissais peut-être plus que sa propre mère sur son compte. Je savais donc pertinemment que tout en elle n'était que masque et tromperie. Je savais que derrière ce masque elle me haïssait autant que je la haïssais si ce n'était plus. La haine n'avait jamais été mon point fort, et même après Cette évolution elle ne le serait jamais

"Je te retourne le compliment Alina"

Le nom était comme une coupure à vif qu'on m'aurait infligée. J'avais tellement espéré d'elle que prononcer de nouveau son prénom ne faisait qu'accentuer la douleur que j'éprouvais en moi. Elle était la tueuse et j'étais la proie. Son nouveau boulot ne l'avait pas rendue plus douce. Ses traits étaient plus fermes, plus marqués, comme si on l'avait martyrisée, fouettée pour la pousser dans le "droit" chemin. Elle me faisait pitié. Mais je ne devais pas avoir de la compassion pour elle, surtout pas. J'avais assez été affaiblie pour aujourd'hui. J'étais forte et cruelle désormais. A moi de me montrer froide. Inutile de cacher mon jeu.

"S'il y avait bien une personne que je n'aurais jamais cru voir ici, c'était bien toi. D'ailleurs, j'aurais préféré ne pas te voir... Ça aurait été plus souhaitable pour nous deux"

Elle m'observait telle un aigle guettant sa proie. Son regard était dénué d'émotion, dénué de sens, et pourtant en disait tellement sur elle.

"On ne peut pas dire qu'ils t'ont améliorée cette fois. Tu ferais peur à un cadavre."

Je restais stoïque et autant vide d'émotions que possible. Je croisais à mon tour les bras

"Combien en as-tu tué aujourd'hui ?"

Je me demandais sincérement pourquoi j'entamais une discussion avec elle, alors que j'allais devoir tout lui supprimer quand nos chemins s'éloigneraient. D'autant qu'elle avait toujours était pleine de soupçons depuis sa mutation... Enfin peu importe... Les dés étaient jetés...

Loin de m'imaginer que les pensées que j'avais eu plus tôt allaient devenir concrètes, je ne pus m'empècher d'être parcouru d'un frisson quand tout Ses pensées vivaient dans ma mémoire comme si elle avait été les miennes. Cet Asmodée avait gagné de l'importance dans son esprit, et semblait contrôler et devier chaque pensées salvatrices que mon ex-amie aurait pu avoir. De plus elle avait ,elle aussi, découvert une partie de mon esprit. Cela me procurait un certain avantage, je savais qu'elle savait que j'aurais pu savoir ses pensées. Elle était consciente de ses atouts j'étais consciente des miens. Elle me fixa alors. Un combat ? Décidement ses pensées étaient trop facilement lisibles. Elle esperait que l'ironie lui serait un grand atout. De ce coté là elle avait tord.

"Je ne défie pas pour le plaisir, contrairement à toi. Je défie dans la nécessité, et dans le sens que cela pourrait mettre fatal si je n'agissais pas ainsi."

Je fis une pause et poursuivit en levant les mains après avoir hoché les épaules

"Pour être plus claire, parce que je n'ai pas l'impression que tu saisis, c'est un peu comme si moi j'avais l'esprit, et toi la puissance dans le combat. J'opterai pour un combat réflechi, le tiens serait plus brutal."

La prendre pour inférieure m'était difficile car je ne pouvais ignorer son potentiel, mais, j'étais persuadée qu'elle serait étonné par mon culot, qui était loin de ressembler à ce que j'avais pu éprouver pour elle dans le passé. Elle jouerait sur ses atouts. Elle prétendait qu'elle n'était pas seule, qu'elle serait soutenue par ses alliés, et c'était là son point faible. Avoir trop confiance en ses roues de secours, n'amenait à rien d'autre qu'à la perte. Si elle voulait utiliser la force et le surnombre, je serais autant en mesure de lui tenir tête. Des aides j'en avais aussi beaucoup, plus discrètes et solitaires certes, mais qui n'hésiteraient pas à protéger leur cause s'il fallait en venir à ce point là. Je ris haut et fort sans me cacher.

"Jamais je n'aurais cru cela en revenant ici..."

J'étais revenue pour autre chose, pas pour un combat de gamines qui nous affaiblirait autant l'une que l'autre. Mais cela, elle l'ignorait. Ne pouvant pas lire en moi comme je lisais en elle, elle devrait se contenter de suppositions sur mes actions, de suppositions sur mes gestes, mon avenir et mon but. J'avais un infime point de supériorité. Il fallait agir en conséquence. Soudainement son esprit se brouilla, comme si le doute et la haine commençaient à l'aveugler complétement. La crainte de l'inconnu sans doute, bien que la peur ne semblait pas être un de ses principaux défauts. Elle était puissante. Je ne pouvais pas la laisser fuir après ce qu'elle venait de voir sur moi. Elle voyait mon renard, j'étais donc faible sur les attaques purement offensives. Il me fallait de l'esprit et de la réflexion. Le retrait de ses pensées n'allait pas être aussi enfantin qu'avec le passant de tout à l'heure. Je reculai d'un pas

"Je ne suis pas venue pour te nuire, contrairement à tes propres soupçons. Mais je ne peux pas te laisser partir avec ce qu'il vient de se passer sous tes yeux. C'est un affront à mon anonymat."

Mon animal recula, et se posta juste devant mes jambes.

"Kagutsuchi ! "

Une flamme vint remplacer le mammifère me dissimulant derrière un lourd mur de cendres. Quelques minutes furent nécessaires pour que la fumée se dissipe, et alors, elle pu voir que devant elle, il n'y avait plus rien, uniquement le fond d'une rue sombre, et un vieux chat errant à la recherche d'ordures à grignoter.

Alina écoutait les paroles de Myra avec un certain ennui, retenant un soupir à chaque phrase. En quelques minutes, elle était passée de l'action à la lassitude. L'adrénaline qui s'était jusque là bien répartit partout dans son organisme, commençait à s'affaiblir. Elle passa ses bras croisés derrière sa tête et essayait de percevoir les propos de la métamorphe. D'ailleurs, ce qu'elle disait était tout sauf insensé, l'exorciste combattait avant tout pour le plaisir et la plupart du temps choisissait la brutalité, c'était tellement plus excitant. Myra semblait sur ses gardes, prête à tout, à chaque seconde. Oui, elle avait bien changé... La demoiselle se contenta de garder le silence. Pas parce qu'elle ignorait quoi lui répondre, mais parce qu'elle sentait bien que Myra avait besoin de s'exprimer aprés tout ce qu'elle avait tenté de cacher, tout ce qu'elle ressentait. Elle lui annonça alors qu'elle n'était pas là pour lui nuire, seulement elle devait protéger son anonymat. Alina n'eut pas le temps de répliquer, lorsque son ex-amie appela de nouveau son renard avant de disparaitre derrière une barrière de cendes. La jeune fille ne bougea d'un milimètre pendant que s'étalait devant elle la rue déserte et presque calme, ponctuée uniquement par les bruits pronvenant du chat. Elle éclata de rire, puis sa voix résonna en écho contre les murs ténébreux.

"Myra...Tu avais bien raison de dire que nos techniques de combats son différentes. Tu vois, moi je n'aurais pas hésité à te charger avec mon épée. Mais si tu veux jouer à ça..."

Au dessus de sa tête, un corbeau traversa la ruelle puis disparut aprés quelques croassements. Elle leva les yeux vers l'animal en l'observant attentivement jusqu'à ce qu'il s'en aille. Il voulait sûrement savoir si la mission avait été accomplie sans encombres. Le probléme c'est que la mission n'avait même pas eut de fin, du moins pas encore. Elle chassa de son esprit le volatille et ce qu'il cachait puis se concentra sur sa nouvelle ennemie. Elle détacha son dos du mur et fit face au mur qui terminait la rue. Ensuite, elle ferma les yeux, et essaya de sentir la présence de la jeune fille. Il ne lui fallut pas plus de dix secondes. Elle pointa son index sur le chat qui se trouvait en face d'elle avec un sourire satisfait.

"Arrête de te cacher et ôse me défier pour de vrai... métamorphe."

[Je sais pas si c'est ce que tu avais prévu, mais le chat m'a inspiré alors xD]

(j'avais pas du tout prévu ça. Mais ça fait rebondir la chose... ^^ mort de rire >_<)

Je sentais la panique. Elle prenait ça pour de l'excitation, de l'adrénaline, mais son esprit avait certainement zapé tout ce qui pouvait lui permettre de s'identifier à ses proies. Une faiblesse pour elle ça ne faisait aucun doute. D'autant qu'elle s'était mise à fouiller, chercher partout alors que je me trouvais sous son nez dans un tas d'ordure (dont l'odeur me répugnait d'ailleurs). Ce qui m'aidait dans mes métamorphoses, s'était que j'étais maintenant parfaitement capable de supprimer mon aura d'humaine. Face à un adversaire débutant je gagnais à tous les coups... Ça serait loin d'être le cas avec elle. Et comme pour affirmer mes pensées, elle me fixa de son doigt maigre, brisant toutes mes tentatives de combat réfléchi. Elle était beaucoup plus attentive que prévu. Pour éviter de détruire mon camouflage, j'essayai de réagir comme l'aurait fait un félin. Dès qu'elle pointa son doigt sur moi, je sursautai, et poussai un miaulement strident avant de m'engouffrer dans la poubelle la plus proche. Je me sentais ridicule à feinter de la sorte. D'autant que mon subterfuge ne marcherait pas avec elle. Je sentais son regard inquisiteur dans ma direction. Je ne pouvais pas rester la sans rien faire, elle prendrait ça pour de la peur et je refusai même qu'elle se l'imagine. Je fermais mon cerveau alors à ses pensées. Cela ne me prit pas plus de quelques secondes car le cerveau d'un chat est beaucoup moins volumineux que celui d'un homme. La métamorphose ne me serait d'aucune aide, du moins pas si je l'utilisai de manière habituelle. Je décidai alors de quitter le corps du félin. L'invisibilité ne tenait que quelques secondes, et j'eus juste le temps de me poster derrière elle, avant de réapparaitre complètement.

"Je ne m'attendais pas à moins d'attention de ta part. Mais cela t'amuse tellement de me comparer à ce pauvre chat?"

Je pointais du doigt, le chat que j'avais créé de toute pièce, alors qu'il sortait de sa poubelle. C'était la ruse parfaite.

"Maintenant si tu permets... ?"

Je plaquai ma main derrière son crâne et lui infligeait une petite décharge, elle en fut légèrement sonnée mais gardait pleinement ses esprits. Moi j'avais réussi à intégrer dans son cerveau un de mes pouvoirs les plus élaboré. J'étais presque consciente qu'il ne fonctionnerait pas avec elle, mais je lisais dans ma tête tout le chemin qu'elle avait parcouru à mesure que mon sort agissait. Ce trop plein de pensée, me rendait plus faible, et je le savais.
Je pris encore mes distances, et je vis déja le début de notre éloignement : son entrée chez les Sapientes Gladio....

Alina sentit une faible présence derrière elle alors qu'elle était encore tournée vers le chat, son doigt, aussi pâle que le reste de son corps, toujours pointé vers lui. Elle sentit alors une pression à l'arrière de son crâne, une main. Puis une décharge lui traversa le cerveau, lui brouillant la vue un quart de seconde avant qu'elle ne retrouve ses esprits. Elle aurait dû pester contre son ex-amie, mais au lieu de ça elle souriait encore, c'était assez étrange. Elle s'était rendue compte qu'elles jouaient sur le même terrain Myra et elle; le contrôle de l'esprit. Mais l'exorciste était plus avantagée, elle métrisait ses pouvoirs depuis plus longtemps que la métamorphe. D'un geste vif, elle se tourna vers elle et posa sa main sur sa joue. Un peu comme une caresse, mais en plus violent.

"Tu n'aurais pas dû te risquer à ce type de magie, Myra."

Un choc intense traversa la main de la demoiselle, puis passa vers la joue de la jeune fille. Cette dernière ne pu s'empêcher de fermer les yeux sous le coup, plongeant ainsi dans l'un des souvenirs les plus profonds d'Alina, celui qui l'avait transformé en ce qu'elle était aujourd'hui.




Une nuit sombre et silencieuse, une nuit sans lune où les ténèbres régnaient en maitre. Un grand manoir entouré d'une haute clôture en fer noir, se dressait majestueusement devant un groupe de personnes assez important. Une petite lumière brillait au rez-de-chaussée, et seuls les pas lointains de gardes résonnaient dans le parc de la propriété. A la tête de la troupe, se trouvait une silhouette assez musclée à l'allure parfaite, à ses côté une deuxième silhouette, plus fine et moins imposante, mais tout aussi sûre d'elle. Derrière eux, les autres ombres étaient identiques; petites et courbées tout en restant menaçantes. Une voix dure qui provenait du profil masculin, se détacha dans l'obscurité. Son assurance était telle que la jeune fille à ses côtés de la reconnut pas tout de suite.

"Déployez-vous à l'extérieur et débarrassez-vous des gardes. Ensuite, occupez-vous de l'intérieur."

Les ombres inquiétantes répondirent par un petit bruit de succion, puis obéirent en escaladant la barrière à une vitesse inhumaine. Le jeune homme s'inclina devant la demoiselle en lui faisant signe de passer d'abord, ce qu'elle fit. Par un saut lui aussi anormal, elle parvint à bondir par dessus les pieux en fer, pour ensuite atterrir en douceur sur la pelouse fraiche, rejoint quelques secondes plus tard par son acolyte. Ils avancèrent d'un pas rapide vers la demeure en gardant un œil sur la petite lumière devant eux. Au loin, on entendait la dernière plainte des sentinelles, soigneusement étouffés par les soldats griffus. Arrivés aux portes du manoir, la lumière éclaira les deux silhouettes. Le jeune homme à l'uniforme religieux blanc, ainsi que la demoiselle à la robe noire. Sur le perron, ils purent observer les deux derniers gardes tomber à terre, leurs têtes aux yeux exorbités de terreur roulants non-loin. Nicolaï ouvrit la lourde porte en bois en silence, suivit de près par Alina. A peine passée le changement ombre-lumière dans le hall d'entrée, ils tournèrent à droite et virent une autre porte moins grande mais tout aussi belle. Un faible rayon de lumière jaune dépassait de sous cette porte. Le prêtre n'y alla pas de main morte. Il donna un grand coup de pied dans le panneau en bois, qui céda d'un seul coup. Il s'avança de son pas pompeux, Alina à ses côtés tout aussi arrogante et effrayante. La pièce était une sorte de petit salon tout en étant un bureau, à la décoration chic et baroque. Le quadragénaire aux yeux bleus et aux cheveux grisonnant qui s'y trouvait sursauta, se leva sans précaution et alla se poster dos au mur le plus proche, rien qu'en ayant aperçut les deux jeunes gens.

"Vous? Non... je n'ai rien fait, c'est une erreur... je..."

Nicolaï éclata d'un grand rire mesquin, puis s'avança dans la pièce faisant frissonner un peu plus l'homme. Il sortit un couteau de sa poche et alla le pointer sous la gorge du présumé coupable.

"C'est ce que nous allons voir..."

Alina n'attendit pas l'ordre de son compagnon. Elle se dirigea vers le bureau et ouvrit les tiroirs sans ménagement, en déversant leurs contenus sur le sol. Pendant ce temps, certains soldats griffus venaient d'entrer dans le hall, et se postèrent à divers endroits. La demoiselle remarqua alors un papier froissé qui tombait à son tour. Elle s'abaissa, le prit, puis se releva en l'observant avec un sourire.

"Vous êtes vraiment sûr d'être innocent Monsieur Ramosiev?"

Elle approcha le papier de l'homme, qui était en fait une lettre écrite d’une écriture ronde et lisse, jusqu'à ce que la feuille touche son visage. Il toussota plus par nervosité qu'autre chose, jusqu'à ce que la jeune fille éloigne le document d'un geste colérique. C'est alors qu'une voix résonna dans l'entrée, plus précisément au sommet des marches qui menaient aux étages supérieures.

"Papa!!!"

Une voix aigue et terrifiée. C'était celle d'une petite fille aux cheveux blonds et aux yeux bleus semblables à ceux de son père. Celui-ci prononça d'une voix forte et toute aussi engourdie, en se débattant avec force.

"Selena!!! Réveille ta sœur et sauvez-vous!!! Ne reste pas là ma chérie!!!!"

"Papa...!!!"

Les demi-humains n'hésitèrent pas une seule seconde, avec agilité ils montèrent à l'endroit où se trouvait la fillette et l'immobilisèrent. Elle se débattit avec force, sans grand succès. Un autre groupe, continua sa montée dans les étages à la recherche de la fameuse sœur.

"Non!!! Je vous en prie tout sauf mes filles... ne leur faîtes pas de mal!!! Tuez-moi à leurs places mais laiss...."

"Silence!"

Le jeune homme lui infligea une gifle du revers de la main, rangea son couteau, puis l'attrapa par la veste de son costume et l'emporta vers le hall. Un grand cri résonna au dessus de leurs têtes, une voix moins aigue que celle de Selena mais pas aussi grave que celle d'un garçon. Nicolaï emmena le père dans le salon, qui faisait face au bureau et l'y jeta brutalement. Les soldats l'imitèrent avec la fillette. L'autre groupe quant à lui, apporta la sœur ainée, qui était plus différente que sa cadette, vêtue d'une robe de chambre verte.

"Papa?! Papa, que se passe-t-il?"

Alina attrapa la dite sœur avec force et la projeta prés de sa famille. Elle s'adossa au cadre de la porte et les contempla un moment avec un regard intense et identique à celui de Nicolaï.

"Vous n'avez pas prévu vos filles de vos petites trahisons? C'est très vilain, à présent elles vont mourir dans l'ignorance."

"N...non...!!!"

"Eh si! Vous êtes le seul responsable."

Nicolaï était lui aussi adossé à l'autre côté de la porte. Sans prévenir, il claqua des doigts et des liens invisibles vinrent attacher les trois victimes. Après cela, il se retourna et pendant qu'il était encore à la hauteur de la jeune fille, il lui chuchota.

"Tu sais quoi faire."

Elle acquiesça, le regard toujours fixé sur ceux de la petite famille, tandis qu'il marchait vers la sortie, ses serviteurs à sa suite. Alina était seule sur le seuil de la porte du salon. Ils étaient devant elle, tremblants de peur. Leurs mains se cherchèrent un instant, puis lorsqu'elles se trouvèrent, elles se serrèrent fortement. Le sourire d'Alina disparut, mais la cruauté était toujours présente.

"Ne jamais s'en prendre à Sapientes Gladio. Vos âmes s'en souviendront à jamais."

Ces paroles résonnèrent en écho dans le silence de la nuit, qui venait de revenir comme par magie. Elle sortit un briquet de sa poche, l'alluma, et le lança contre les canapés de luxe. Ils s'enflammèrent sans tarder. Les proies voulurent courir mais ils en étaient incapables, aussi bien à cause de la peur que des liens. Les fillettes pleuraient, le père hurlait. L'exorciste referma la porte sur ce spectacle épouvantable, pour ensuite se diriger à son tour vers la sortie accompagnée par les cris et les hurlements. La troupe l'attendait debout dans le parc. Elle descendit les marches du perron, pendant que le feu engloutissait le rez-de chaussée à grande vitesse. Le jeune homme tendit sa main vers elle, elle la prit. Il passa alors son bras derrière sa taille, elle, posa sa tête sur son torse. Ils avancèrent, s'éloignant du manoir. Aucune larme ne coulait sur le visage de la demoiselle, elle était impassible malgré le fait que c'était la mission la plus dure dont elle fut chargée jusque là. Cette nuit-là, Asmodée avait définitivement engloutit la personnalité de l'ancienne Alina. D'une certaine façon, il venait de la tuer.



Myra fut projetée en arrière, et retomba violemment sur le sol. Alina ne ressentait presque plus les effets de la décharge. Elle essuya son front en sueur et annonça fièrement.

"Alors, ça t'as plu?"

[Désolée si c'est long mais c'était le bon moment pour ce flash-back ^^']

L'accumulation des deux sorts dans mon cerveau me fut plus que fatal. J'avais appris à encaisser de la magie noire, mais là, maintenant, en grande dose, je me demandais comme j'aurais pu me ressaisir. J'essayais d'enlever cette affreuse scéne qui mordait mon esprit sans grand succès. Mes jambes se remirent à trembler. Je ne voulais pas les laisser m'effondrer devant elle, en plus d'avouer ma défaite, ça l'aurait rendue trop heureuse. Je mis alors une de mes mains à la place de mon coeur, et essayait d'envoyer un sort minime de guérison qui aurait pu me remettre sur pieds. C'était dur, et quasi-impossible à supporter. Kagutsuchi s'était pleinement dissipé car j'avais été incapable de le maintenir visible. Je faiblissais. Je pris mon courage à deux mains, pour attraper l'épaule de mon ex-amie aussi fermement que possible.

"Je n'en aurais pas attendu moins de ta part, Al..."

Son surnom me déchira de l'intérieur.

"Mais vois-tu, je n'ai pas appris à abandonner si vite..."

Mes paroles étaient sacadées, une souffrance chaque seconde plus importante dans ma poitrine. Je me reculai, en essayant de retrouver vite mon équilibre sans l'appui involontaire d'Alina. Je me redressai alors, droite comme une barre de fer. Mes mains se réunirent comme si je procédais à une prière, puis en fermant les yeux, je les fit changer plusieurs fois de position en prononçant distinctement le nom des runes que j'invoquais unes à unes.

"Rin Kyou Tou Sha Kai Jin Restu Zai Zen..."

clique-ici minute:2'30 Après les avoir prononcer, deux ondes circulaires marquées en blanc vinrent s'étendre en un cercle dont j'étais le centre. Soudainement mes pieds quittérent le sol pour se retrouver sur la tête d'un loup-robot géant. Celui-ci était muni de deux fusils dont les recharges étaient dissimulées sous son bassin large de plusieurs mètres. J'étais au dessus de mon ennemie à plus de 2mètres d'altitude. Elle paraissait petite et insignifiante vue de là-haut.
Mon animal recula de quelques pas. Je prononçais dès-lors.

"Duran ! Charge la cartouche d'argent ! "

Automatiquement, le chien-loup actionna les deux fusils avec une cartouche spéciale. Je posais mes mains en croix sur ma poitrine et prononçai

"Feu ! "

Les armes envoyèrent deux balles d'énergie couleur argent vers mon ex-amie. Ce sort était dévastateur. Je me demandais comment elle allait s'en sortir cette fois...

Le sort d'Alina avait assez bien fonctionné. Elle avait pu voir une certaine horreur dans les yeux de son ex-amie, ce qu'elle voulait en particulier. D'ailleurs, cela faisait longtemps que l'exorciste ne s'était pas rappellée ce souvenir, ce qui l'amusa plus qu'autre chose. Mais apparemment, Myra n'avait pas décidé d'abandonner aussi facilement. Et lorsqu'elle fit apparaître son loup-robot géant, elle parvint même à la surprendre. D'habitude, la métamorphe se défendait plus avec des armes blanches, ou avec la magie, pas avec tant de technologie. Le visage de la jeune fille resta quand même impassible, observant l'immense mécanique en se tordant le cou. Sur ordre de la jeune fille, il chargea la cartouche dite d'argent, puis pris comme cible l'exorciste.

"Feu !"

Les deux balles se dirigèrent vers elle, dépassant largement le mur du son. Au moment de l'impact, un nuage de fumée grise enveloppa la demosielle. Une longue minute s'écoula avant qu'il ne commence à se dissiper. Un silence de mort s'était installé. C'est alors qu'une ombre se fit apercevoir parmis la brume grise. Une sorte de grosse boule noire se trouvait au sol. Elle était facilement reconnaissable. Une peau sombre et pleine de croûtes recouvraient de grandes ailes de chauve-souris pointues. Ces ailes se déplièrent lentement, révélant le corps de cette créature immonde qu'était Asmodée, tout en dissipant le reste du nuage. Le démon s'était servi de ses ailes afin de se protéger des balles, étant très robustes, ce ne fut pas bien compliqué. Sa bouche se torda en une sorte de sourire, avant de prononcer d'une voix caverneuse.

"Tu croyais vraiment m'avoir avec ton tas de ferrailles?"

Un rire rugueux s'en suivit. Asmodée était immense et intimidant, mais il restait encore petit comparé au robot. Il s'envola alors pour faire face à Myra, puis ouvrit grand la gueule. Un gaz noir en sortit, et se dirigea droit vers le visage de la jeune fille. Son regard se fit trouble, ses paupières se fermaient presque, son corps entier se tétanisa...

"Maintenant tu vas m'obeïr docilement. Ton seul maïtre sera ma voix..."

Un signe de tête indiqua qu'elle acceptait. Son robot géant s'enfonça dans le sol doucement, jusqu'à disparaitre. Les pieds de la métamorphe touchèrent à nouveau la terre ferme, son regard toujours aussi égaré. Asmodée se posa à son tour, et s'avança vers elle.

"Raconte-moi ton histoire. Dis-moi ton secret..."