Cela faisait trois jours que Cécilia avait acquis son pouvoir. Sa condamnation. Son don. Sa malédiction. Trois nuit tourmentées par des cauchemars qui l'empêchaient de dormir paisiblement. De grandes cernes ornaient son beau visage pâle. Et elle avait maigri. Elle était déjà très mince à la base mais là elle paraissait même malade. Sa mère avait bien essayé de la forcer à manger (Cécilia avait même culpabilisé au vu des achats qu'elle avait effectués pour la convaincre d'avaler quelque chose, mais rien n'avait marché). Et puis ce n'était pas plus mal, l'hiver arrivait et l'argent allait bientôt commencer à manquer. Autant commencer à s'habituer à se priver.
Le lendemain du jour où elle avait reçu son don. Elle était sortie de chez elle sans baton. Ses parents ne savaient pas encore que leur fille chérie et aveugle avait retrouvé une sorte de vue. Une vue qui pour un voyant serait ridicule mais qui, pour Cécilia, est un cadeau du ciel (ou des ténèbres). Elle ne voyait pas en couleur, les objets et les animaux étaient des masses rouges et noirs. Et elle s'aidait autant de son ouïe rendue exceptionnel par la "transformation" que par sa vue. Elle était donc partie se ballader, les yeux clos pour éviter tout massacre [lorsqu'elle ouvre les yeux elle devient incontrollable et une haine insensé la saisi, donc elle tente de tuer tout ce qui bouge]. C'était cela, le malheur, la malédiction. Plus personne ne pourrait voir ses magnifiques yeux... Elle se déplaçait avec agilité (du moins pour une personne ayant les yeux fermés) et cela avait surpris plusieurs passants. Elle n'était pas tombée une fois et ça c'était exeptionnel ! Oh evidemment son étourderie habituelle avait bien failli lui risquer une ou deux chutes mais la vue n'était plus en cause.
Le lendemain, elle préféra faire semblant d'être aveugle pour ne plus qu'on la regarde bizarre. Visiblement une personne qui n'éprouve aucune difficulté à marcher les yeux fermés n'est pas forcément très courrant et normaL.
Et entre ses deux journées, elle rêvait qu'elle ouvrait les yeux et autour d'elle tout devenait cendre et flamme. Le ciel était rouge, les arbres calcinés, et devant elle, l'image de sa famille inerte lui apparaissait. L'image de tous les individus qu'elle aimait la frappait et la torturait encore et encore. Elle se réveillait donc, après seulement deux trois heures de sommeil et ne se rendormait plus. Elle tremblait honteuseument de tout son être.Lorsque le soleil pointait à l'horizon, elle reprennait contenance et affichait son minois sauvage et sur d'elle.
Il était donc fin d'après midi et après une petite altercation avec des gens peu recommandables dans les bas quartiers, Cécilia avait du fuir. Elle avait couru sans tomber à terre (elle ne s'y faisait toujours pas de ne pas avori de bleus...) Sa fuite l'avait menée dans le centre ville. Elle avait échoué sur une grande place où un nombre impressionnant d'individus buvaient un verre à une terrasse d'un des nombreux cafés. Elle n'avait jamais été très athlétique et sa fuite la faisait souffler et suer. Elle était crevée. Deux nuits plus ou moins blanches, des courses poursuites la journée, ne pas manger, la fatiguait fortement. A moins que sa vue ne cache d'autres inconvénients ? En tout cas, les conséquences étaient là : elle se sentait mal. Un peu vaseuse. Sa vue factice commençait étrangement à se brouiller. Elle essayait de récupérer son souffle mais la fatigue fut plus forte et elle s'évanouit. Là en plein milieu d'une place remplie de gens barvadant et riant inconscient. Elle tomba lourdement sur les pavés et son corps inerte resta couché sur le sol humide d'une pluie récente. Peut-être allait-on l'aider ? Venir lui porter secours. La forcer à boire quelque chose pour la réveiller. Lui donner à manger aussi. Ou alors on allait l'ignorer, la regrder avec indifférence. Sans pitié ni honte. Cécilia en serait presque contente,: elle déteste qu'on lui vienne en aide. A moins qu'on ne lui marche dessus par inadverstance ou volotnairement ? En tout cas, elle avait sombré dans l'inconscience, seule comme toujours.